L’église Mar Youssef de Romtha
L’église Saint Joseph de Romtha se situe à 36°54’28.7″N 43°08’48.8″E (ajuster) et 865 mètres d’altitude, à l’est de Dehok-Nouhadra, près de Zawita.
Le village chaldéen de Romtha dans le diocèse d’Amadia est totalement nouveau. Le village de Romtha se développe sur un versant de montagne et son cimetière sur celui qui lui fait face. En Mai 2007 une trentaine de maisons y furent construites avec l’eau courante et l’électricité, suivies d’une salle communautaire, d’un club de sport et de l’église Mar Youssef en 2008. L’église Mar Youssef (Saint Joseph) a été élevée en haut du village. C’est un édifice cruciforme à plan longitudinal.
Photo : Église chaldéenne Mar Youssef de Romtha. Juillet 2017 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Localisation
L’église Saint Joseph de Romtha se situe à 36°54’28.7″N 43°08’48.8″E (ajuster) et 865 mètres d’altitude dans une zone de moyenne montagne, riche de montagnes arborées et de prairies.
Romtha est un nouveau village situé à 10 km à l’est de Dehok-Nouhadra, au sortir de Zawita sur la route de Sersink, à 15 kilomètres au sud de Manguesh, à 75 km au sud-est de Zakho et 55 km au sud-ouest de Amadia.
Fragments d’histoire chrétienne
L’histoire locale de Romtha est celle d’une région de Mésopotamie passée sous le contrôle du royaume d’Adiabène, avec Erbil (Arbèles) pour capitale, où le judaïsme était fortement implanté avant son évangélisation par des apôtres et disciples du Christ et notamment Thomas, Addaï (sans doute Thaddée) et Mari, considérés comme les pères fondateurs de l’Église Apostolique Assyrienne de l’Orient. Les premières communautés chrétiennes qui s’y développèrent étaient donc issues des importantes communautés juives locales. Dès les premiers siècles du christianisme ces communautés connurent les persécutions de l’empire perse.
Dans cette région de Mésopotamie formée de hauts plateaux et de montagnes qui fut tout à la fois le lieu d’épanouissement et de refuge de l’Église de l’Orient, le christianisme connut son âge d’or entre les Ve et VIIe siècles avec l’édification de nombreux couvents. L’apparition de l’islam et sa pénétration en Mésopotamie modifièrent irrémédiablement de siècles en siècles les équilibres confessionnels. Le catholicisme pénétra dans ces provinces dès le XVIIe siècle et plus encore à partir du XVIIIe grâce aux missions des congrégations catholiques. Nombre de villages, autrefois membres de l’Église Apostolique Assyrienne de l’Orient, passèrent ainsi au catholicisme et rallièrent l’Église chaldéenne.
Sous domination ottomane, le territoire sur lequel se trouve le village de Romtha faisait partie du sandjak[1] de Hakkari du vilayet[2] oriental de Van, où les chrétiens de l’Église apostolique assyrienne étaient « fortement concentrés et représentaient plus du tiers de la population[3] ». À la veille du génocide des Arméniens et des Assyro-chaldéens de l’Empire ottoman, ce territoire était relativement pauvre et les églises menaçaient « pour la plupart de tomber en ruine[4]». Après le démembrement de l‘Empire au terme de la première guerre mondiale, ce vaste territoire montagneux passa sous le contrôle de l’Irak. Les Kurdes y imposèrent leur hégémonie au détriment des communautés chrétiennes brisées et abandonnées.
Entre 1961 et 1991, des combats et bombardements répétitifs eurent lieu entre les séparatistes kurdes et le régime de Bagdad, entrainant des déplacements de populations incessants, allant des villages vers les grandes villes et inversement, ce qui incluait évidemment les localités et communautés chrétiennes, avec des conséquences très lourdes sur le patrimoine chrétien. Dans le gouvernorat de Dehok-Nouhadra, dans lequel se situe le village de Romtha, « le bilan des années Saddam est terrible pour la communauté chrétienne du Kurdistan. (…) Des dizaines d’églises très anciennes, de rares témoins des origines du christianisme, ont été détruites. Des dizaines de villages chrétiens ont été rasés, et leur population déportée. Quel que soit l’avenir du Kurdistan, malgré quelques tentatives de reconstruction, c’est un monde qui a disparu à jamais[5](…)».
[1] Subdivision territoriale ottomane équivalent à peu près à un département français.
[2] Province ottomane, équivalent d’une région française.
[3] In Oubliés de tous. Les Assyro-chaldéens du Caucase, de Joseph et Claire Yacoub, Les éditions du Cerf, 2015, p.26
[4] In « L’Eglise Chaldéenne Catholique, autrefois et aujourd’hui », Abbé Joseph Tfinkdji, prêtre chaldéen à Mardin (Mésopotamie), Extrait de l’Annuaire Pontifical catholique de 1914, Bureaux des Études ecclésiastiques, Paris, 1913.
[5] In « Le livre noir de Saddam Hussein », Chris Kutschera, Oh Éditions, 2005, p.398
Naissance du village de Romtha et de l’église Mar Youssef
Dans la seconde moitié des années 90, après la guerre du Golfe et l’émergence progressive d’un Kurdistan autonome, les Chrétiens du Kurdistan revinrent dans leurs villages d’origine. Ce mouvement s’accéléra à partir de 2003, avec la chute de Saddam Hussein et l’émergence des persécutions antichrétiennes islamico-mafieuses. Dans ce mouvement du retour, Romtha fait exception. Ce village chaldéen du diocèse d’Amadia est en effet totalement nouveau. Le Comité des Affaires Chrétiennes du gouvernement régional du Kurdistan d’Irak négocia avec le propriétaire qui possédait les terres agricoles. Un accord fut négocié avec le concours financier du grand mécène chrétien assyrien Sarkis Aghajan. C’est ainsi qu’en Mai 2007 une trentaine de maisons y furent construites avec l’eau courante et l’électricité, suivies d’une salle communautaire, d’un club de sport et de l’église Mar Youssef en 2008.
Le nom du village est lié à sa topographie. Il est en effet bâti dans le repli que forment les deux versants de montagne en pente douce qui l’encadrent. C’est pourquoi le village fut nommé Romtha, qui signifie La Haute Place en langue syriaque.
Le village de Romtha se développe sur un versant et son cimetière sur celui qui lui fait face.
Description de l’église Mar Youssef
L’église Mar Youssef (Saint Joseph) a été élevée en haut du village. C’est un édifice cruciforme à plan longitudinal. La porte d’entrée de l’église sur sa façade sud se situe sous une galerie à l’ouest de laquelle se trouve un autel de prière dédié à la Vierge Marie. À l’intérieur, l’église est mononef. Son sanctuaire, surélevé de trois marches, est accessible par une porte sainte à trois ouvertures. Au centre, la porte en arc plein cintre donne accès au maître-autel. Sur les bas-côtés les ouvertures étroites convergent à droite vers le baptistère et à gauche vers la sacristie. Le chœur du sanctuaire est surmonté d’une coupole carrée à fenêtres. Derrière celui-ci le chevet est formé d’une abside saillante à trois pans. Les bas-côtés du sanctuaire sont également saillants à trois pans et forment les bras nord et sud de la croix.
L’église Mar Youssef est entourée d’un petit mur d’enceinte.
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