L’église latine Mar Youssef de Bagdad
L’église latine Mar Youssef se situe à 33°20’19.9″N 44°23’47.5″E et 42 mètres d’altitude, sur la rive orientale du Tigre, dans l’ancien quartier chrétien de Bagdad.
Bâtie grâce aux Pères Carmes, l’église latine Mar Youssef de Bagdad a été consacrée en 1871 après 5 ans de travaux. Plus qu’une église, Mar Youssef était aussi la cathédrale latine de Bagdad. En mars 1917, au cours de la première guerre mondiale, alors que la Mésopotamie était encore administrée par l’Empire ottoman, les forces turques-ottomanes réquisitionnèrent l’église latine Mar Youssef et la transformèrent en hôpital.
En 1942 -1943, les soldats polonais stationnés à Bagdad célébrèrent dans cette église avec leur aumônier Monseigneur Joseph Gawlina.
L’église latine Mar Youssef de Bagdad est un édifice cruciforme magnifié par un remarquable dôme hémisphérique à tambour circulaire et fenêtres, qui s’élève à la croisée du transept à 32 mètres de hauteur et qui est surmonté d’un lanternon octogonal au pinacle duquel se dresse une croix. Parfaitement visible de loin, l’église est comme un phare dans le quartier.
L’église a souffert du départ des Chrétiens vers les quartiers modernes de Bagdad ainsi que des nuisances générées par le développement du souk tout autour de l’édifice. Elle a grand besoin d’une restauration complète.
Photo : Église latine Saint Joseph de Bagdad. Avril 2018 © Laith Basil Nalbandian / MESOPOTAMIA
Localisation
L’église latine Mar Youssef de Bagdad se situe à 33°20’19.9″N 44°23’47.5″E et 42 mètres d’altitude, sur la rive orientale du Tigre, dans le vieux quartier de Chorjah, à Aqued el Nassara (l’ancien quartier chrétien), rue al-Khulafa. L’église latine Mar Youssef se situe au cœur d’un important souk, à cent mètres seulement de l’église chaldéenne Om al Ahzane (voir notice), à côté de laquelle l’église syriaque-catholique Vierge Marie Immaculée Conception est en cours de destruction.
Bref aperçu démographique des Chrétiens en Irak
Si les Chrétiens de rite latin ne constituent qu’une petite partie des Chrétiens d’Irak, ils sont toutefois en étroite communion avec les fidèles catholiques des autres confessions chaldéenne, syriaque-catholique, arménienne et grecque-catholique. Incontestablement majoritaires au sein des Chrétiens d’Irak, les Chaldéens étaient 750 000 au dernier recensement en 1987, contre 300 000 Assyriens (Église de l’Orient et Ancienne Église de l’Orient). Toutes communautés confondues, les Irakiens chrétiens représentaient ainsi 8 % de la population du pays. En 2018 combien sont-ils ? Les informations recueillies par les correspondants de l’association MESOPOTAMIA confirment l’effondrement démographique dont parlent les communautés visitées. Il resterait bien moins de 400 000 Chaldéens en Irak répartis entre Bagdad, le Kurdistan, la plaine de Ninive et Bassorah. Les calamités auxquelles les communautés chrétiennes ont dû faire face n’ont jamais cessé en Irak depuis son indépendance en 1933. Le début du XXIe siècle n’offrit aucun répit avec l’invasion américaine en 2003, le terrible embargo décrété par l’ONU et les violences et persécutions islamico-mafieuses qui ont ciblé les communautés chrétiennes depuis la chute du régime de Saddam Hussein.
Origines de la présence latine à Bagdad
Dès 1235, un des compagnons de Saint Dominique, le Frère Guillaume de Montferrat fut envoyé en Orient par le pape Grégoire IX. Arrivé en Mésopotamie en 1237, on dit qu’il se rendit à Bagdad à la cour du calife.
C’est le 6 septembre 1632 que fut créé le diocèse de Bagdad de l’Église latine, à une époque où la Perse dominait la région et où l’exercice du pouvoir temporel et spirituel était à Ispahan. Dans cette cité impériale perse les puissances européennes et le Saint Siège développèrent leurs activités diplomatiques et religieuses sous le contrôle des souverains perses et notamment pendant le règne de Shah Abbas Ier (1587 – 1629). Le premier évêque nommé pour Ispahan, Jean Thaddée, se vit adjoindre un coadjuteur pour Bagdad, le Carme espagnol, Timoteo Perez, « mais ni l’un ni l’autre ne parvinrent à gagner leur siège épiscopal respectif [1]». Le premier évêque latin qui parvint effectivement à Bagdad fut le Carme Bernard de Sainte-Thérèse (Jean Duval). Il y célébra la messe en 1642 avant de retourner en France. Le XVIIe siècle marqua ainsi l’ouverture des missions latines en Mésopotamie irakienne. Les Frères Capucins ouvrirent leur première maison à Mossoul en 1636 et déployèrent également leurs activités missionnaires à Bagdad aux XVIIe et XVIIIe siècle.
Il fallut attendre le 21 décembre 1743 avec la consécration épiscopale du Carme Emmanuel de Saint-Albert (Jean-Claude Ballyet, dit Dom Emmanuel Ballyet de Saint-Albert de Saint-Antoine, 1702-1773) sur le siège de Babylone, pour que soit effectivement installé un évêque latin à Bagdad. Pro-vicaire de Bagdad depuis 1728, il fut aussi nommé en 1741 Consul de France à Bagdad avant d’être sacré évêque. Il édifia notamment un hospice, une école et sa résidence épiscopale. Il mourut de la peste à Bagdad en 1773.
En 1820 le français Pierre-Alexandre Coupperie (1770 – 1831) fut nommé évêque latin de Babylone. Il eût un rôle fondamental pour soutenir l’union de l’Église chaldéenne avec Rome. Nommé également consul de France à Bagdad en 1823, il entretint une abondante correspondance diplomatique et religieuse. Disparu en 1831, il laissa le souvenir d’un prélat admirable et d’un homme attentif aux plus démunis pendant les périodes de famine et de peste : « un saint homme » comme se plait à le souligner l’actuel archevêque latin de Bagdad, le libanais Jean-Benjamin Sleiman.
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[1] In « L’Église en Irak. Les Chrétiens ont-ils un avenir en Irak ? Sera-ce un avenir de paix ? », Fernando Filoni, préfet de la congrégation pour l’évangélisation des peuples. Ancien nonce apostolique en Irak. Revue Perspectives & Réflexions, n°6 – 2018, édité par l’Œuvre d’Orient, Novembre 2018, p. 99
Histoire de l’église latine Mar Youssef de Bagdad
L’église latine Mar Youssef de Bagdad a été construite vers la fin du XIXe siècle sur le terrain où se trouvait l’école du même nom depuis 1737. Bâtie grâce aux Pères Carmes, l’église a été consacrée en 1871 après 5 ans de travaux. Plus qu’une église, Mar Youssef était aussi la cathédrale latine de Bagdad.
En mars 1917, au cours de la première guerre mondiale, alors que la Mésopotamie était encore administrée par l’Empire ottoman, les forces turques-ottomanes réquisitionnèrent l’église latine Mar Youssef et la transformèrent en hôpital. Après la défaite de l’Empire et le départ des Turcs, l’église redevint un lieu de culte. Elle fut rénovée en 1923.
En 1942 -1943, les soldats polonais stationnés à Bagdad célébrèrent dans cette église avec leur aumônier Monseigneur Joseph Gawlina. Un bas-relief en bronze sur un mur de l’église en porte témoignage.
Dans les années 1990, l’église latine Mar Youssef fut prêtée aux Coptes (orthodoxes). Venus d’Égypte dès 1976, ils constituaient une importante communauté chrétienne à Bagdad et avaient besoin d’un lieu de culte adapté. Les Coptes adaptèrent l’église Mar Youssef aux nécessités de leur tradition et élevèrent une iconostase afin de séparer le sanctuaire de la nef.
Rendue à la communauté latine, l’église Mar Youssef a souffert du départ des Chrétiens vers les quartiers modernes de Bagdad ainsi que des nuisances générées par le développement du souk tout autour de l’édifice. Elle demeure néanmoins l’un des plus importants monuments du vieux quartier chrétien de Bagdad, Aqued al-Nassara.
Description de l’église latine Mar Youssef de Bagdad
L’église latine Mar Youssef de Bagdad est un édifice cruciforme magnifié par un remarquable dôme hémisphérique à tambour circulaire et fenêtres, qui s’élève à la croisée du transept à 32 mètres de hauteur et qui est surmonté d’un lanternon octogonal au pinacle duquel se dresse une croix. Parfaitement visible de loin, l’église est comme un phare dans le quartier. Les fondements de l’église Mar Youssef de Bagdad sont aujourd’hui un peu plus bas que le niveau de la rue en raison de l’affaissement du sol.
Ce monument massif et élancé est construit en briques de terre cuite. C’est un mode de construction ancestral et typique du style mésopotamien que l’on employa jusqu’au siècle dernier pour bâtir les maisons, les mosquées, les églises et les palais de Bagdad. Les murs de 4 mètres d’épaisseur préservent la fraicheur en été et la chaleur en hiver.
Les portes, les fenêtres et les arcatures sont toutes en arc brisé et forment une architecture inspirée du style abbasside.
L’église latine Mar Youssef de Bagdad est orientée nord-est (chœur et abside), sud-ouest (entrée en façade). Le chœur de l’église est séparé de la nef par un chancel en dalles de marbre blanc. Un tabernacle à degrés en marbre est adossé au mur de l’abside saillante. Au nord-ouest comme au sud-est, les bras du transept sont pourvus de chapelles rayonnantes. À l’opposé du sanctuaire, au dessus de l’entrée sud-ouest, une haute tribune occupe toute la largeur de l’édifice.
Les enduits intérieurs sont dégradés et nécessitent une importante restauration. Les joints externes devraient être traités pour assurer l’étanchéité de l’édifice. Les joints et l’enduit sur le dôme sont altérés et doivent être repris.
On trouve dans la cour intérieure de l’église plusieurs tombes des Pères et des Frères Carmes, des moines et des moniales qui servirent à Bagdad. Les stèles nécessitent un sérieux entretien. L’une des tombes les plus importantes est celle du moine et savant Anstas al-Karamly.
À côté de l’église se trouvaient le couvent des Carmes et l’école Saint Joseph. Le percement de la rue al-Khulafa qui arriva jusqu’au niveau du couvent, contraignit les moines à déménager sur l’autre rive du Tigre. L’école déménagea également dans un nouveau bâtiment du quartier d’Alwiya (Hay Al-Wahda).
L’église latine Mar Youssef de Bagdad a grand besoin d’une restauration complète.
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