L’église chaldéenne Sham’ûn Al-Safâ de Mossoul
L’église chaldéenne Sham’ûn al-Safâ se situe à 36°20’16.86″N 43°07’33.58″E (ajuster) et 233 mètres d’altitude, au sud-ouest du vieux Mossoul autrefois délimité par les remparts ottomans, dans le quartier éponyme également nommé en arabe al-Mayyāsā (ou al-Mansūriyya).
Avant qu’elle ne tombe en ruine, l’église Sham’ûn al-Safâ avait été décrite par plusieurs experts et voyageurs des XIXe, XXe et XXIe siècles.
L’église Sham’ûn al-Safâ est consacrée au nom de Simon Pierre, le prince des apôtres. On ne se rien de bien précis de sa fondation, si ce n’est qu’elle semble être très ancienne. Les spécialistes convergent vers une fondation au IXe siècle.
Propriété de l’église apostolique assyrienne de l’Orient (nestorienne) jusqu’au XVIIIe siècle l’église Sham’ûn al-Safâ passa ensuite à l’église chaldéenne et devint même un siège épiscopal.
L’édifice long de 27 mètres et large de 7 mètres dans sa partie centrale, est une double nef, asymétrique.
Photo : Entrée de l’église Shamoun al Safa en 1975 © In « Monuments chrétiens de Mossoul et de la plaine de Ninive », Diaporama, 2018, Diapo 46, Fr. Jean-Marie Mérigoux, o.p.
Localisation
L’église chaldéenne Sham’ûn al-Safâ[1] se situe à 36°20’16.86″N 43°07’33.58″E
et 233 mètres d’altitude, au sud-ouest du vieux Mossoul autrefois délimité par les remparts ottomans, dans le quartier éponyme également nommé en arabe al-Mayyāsā (ou al-Mansūriyya), à 400 kilomètres au nord de Bagdad. Elle est proche de l’ancienne cathédrale (nestorienne puis chaldéenne) Meskinta. Elle est aussi mitoyenne de l’ancien séminaire chaldéen.
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[1] Sham’ûn al-Safâ peut s’orthographier également ainsi : Šamcūn al-Safa.Il s’agit d’une translitération du syriaque, proposée par Jean-Marie Mérigoux, o.p.
Aux origines de l’église chaldéenne
L’Église chaldéenne est une église catholique née au XVIe siècle d’un schisme au sein de l’Eglise de l’Orient. En 1552, plusieurs évêques établis dans le nord de l’Irak, le sud de la Turquie et le nord de l’Iran[1] contestèrent la succession héréditaire du catholicos de l’Église de l’Orient Simon VIII. Ils élurent à Mossoul un autre patriarche, Yohanès Soulaqa, supérieur du monastère de Rabban Hormizd d’Alqosh, qui prit le nom de Jean VIII et qui se rendit à Rome pour y faire profession de foi catholique. Le 20 avril 1553, le pape Jules III le proclama patriarche de l’Église chaldéenne catholique « dont la naissance est dès lors officielle [2] ».
De retour dans l’Empire ottoman, il installa son patriarcat à Diyarbakır (sud-est de l’actuelle Turquie), à 400 kilomètres au nord-ouest du couvent de Rabban Hormizd. En conflit ouvert avec son rival Simon VIII, Yohanès Soulaqa fut arrêté, emprisonné et assassiné en 1555.
La fondation de l’église chaldéenne fut précédée un siècle plus tôt, en 1445, d’une déclaration d’union avec Rome des membres de l’Église d’Orient à Chypre, que le pape Eugène IV appelait déjà « Chaldéens ».
Jusqu’au XIXe siècle, ce schisme fut d’autant plus conflictuel qu’un grand nombre de fidèles de l’Église de l’Orient choisirent la communion avec Rome. Le siège de l’église chaldéenne fut transféré de Diyarbakır à Mossoul en 1830 avec l’élection au trône patriarcal du métropolite de Mossoul, Jean VIII Hormez, puis à Bagdad en 1950, sous Mar Joseph VII Ghanima.
Incontestablement majoritaires parmi 1 200 000 chrétiens irakiens estimés avant la première guerre du Golfe en 1991, les Chaldéens étaient 750 000 au dernier recensement en 1987, contre 300 000 Assyriens (Église de l’Orient et Ancienne Église de l’Orient). Toutes communautés confondues, les Irakiens chrétiens représentaient ainsi 8 % de la population du pays. En 2018 combien sont-ils ? Les informations recueillies par les correspondants de l’association MESOPOTAMIA confirment l’effondrement démographique dont parlent les communautés visitées. Il resterait bien moins de 400 000 Chaldéens en Irak répartis entre Bagdad, le Kurdistan, la plaine de Ninive et Bassorah. En fait, les calamités auxquelles les communautés chrétiennes ont dû faire face n’ont jamais cessé en Irak depuis son indépendance en 1933. Le début du XXIe siècle n’offrit aucun répit avec l’invasion américaine en 2003, le terrible embargo décrété par l’ONU et les violences et persécutions islamico-mafieuses qui ont ciblé les communautés chrétiennes depuis la chute du régime de Saddam Hussein.
Aujourd’hui, l’Église Chaldéenne est constituée d’une importante diaspora éparpillée sur les cinq continents: aux États-Unis, en Europe, en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en ex-URSS : notamment en Russie (Moscou, Rostov sur le Don), Ukraine, Géorgie (Tbilissi), Arménie (Erevan).
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[1] Au XVIe siècle, l’Empire ottoman et la Perse.
[2] In « Histoire de l’Église de l’Orient », Raymond Le Coz, Cerf, septembre 1995, p. 328
Fragments d’histoire chrétienne de Mossoul
Mossoul « reste une métropole chrétienne[1] », ce qu’atteste l’ensemble de son histoire et de son patrimoine ancien et contemporain, en dépit d’une actualité catastrophique.
Si le premier évêché y est attesté en 554[2], il faut aussi tenir compte de la tradition apostolique paléochrétienne. « C’est ainsi que trois églises se glorifient d’avoir eu chacune pour fondation une maison où un apôtre aurait séjourné. L’église Sham’ûn al-Safa’ [construite pendant la période atabeg XIIe-XIIIe siècles] serait bâtie sur le lieu habité par Saint Pierre lors d’une visite en Babylonie et l’église de Mâr Théodoros se rattacherait au passage de l’apôtre Barthélémy. Quant à l’apôtre Saint Thomas en route vers l’Inde, la maison où il aurait reçu l’hospitalité devint église[3] ». C’est précisément l’église syriaque-orthodoxe Mar Touma (objet de cette notice).
La première église attestée à Ninive (aujourd’hui Mossoul-Est) date de l’an 570. On en trouve la trace dans la « Chronique de Séert ». Il s’agit de l’église Mar Isha’ya. De fait cela confirme la préexistence d’une communauté chrétienne. Au VIIe siècle l’église Mar Touma de la communauté syriaque-orthodoxe était également connue. Le monastère Mar Gabriel fut dès le VIIe siècle le siège d’une grande école théologique et liturgique de l’Église de l’Orient. C’est sur l’emplacement de ce couvent que fut édifié au XVIIIe siècle l’église al Tahira des Chaldéens[4].
Au long des siècles, au fur et à mesure des conciles et des conflits s’est constituée à Mossoul une multiplicité d’églises de toutes confessions, y compris arménienne et latine.
Parmi ces fragments d’histoire, citons notamment la conquête musulmane. Mossoul tomba en 641 et ses chrétiens devinrent des dhimmis, soumis aux droits (limités) et devoirs (contraignants) qu’impliquent leur appartenance confessionnelle. Ce statut perdura jusqu’au XIXe et fut aboli dans l’Empire ottoman en 1855. Malgré cette abolition, la dhimmitude des Chrétiens (et des Juifs) détermine encore aujourd’hui de facto les rapports confessionnels dans la vie publique et dans les mentalités dans presque tous les pays musulmans. Il est encore appliqué de jure (en Iran).
Aux XIIe et XIIIe siècles, en pleine période turque-seldjoukide, les dynastes Atabegs s’imposèrent dans toute la Mésopotamie irakienne et firent de Mossoul un haut lieu de pouvoir. A cette époque les Syriaques-Orthodoxes persécutés à Tikrit s’implantèrent dans la plaine de Ninive ainsi qu’à Mossoul, où ils développèrent leur communauté et fondèrent l’église Mar Ahûdêmmêh (Hûdéni). « A la fin du XXe siècle, à cause de l’inondation des sous-sol du quartier, l’église Mar Hûdéni, située bien en dessous du niveau du sol fut inondée et dut être abandonnée. Une nouvelle fut construite juste au dessus de l’ancienne. On a fort heureusement transporté et mis en évidence dans la nouvelle église la Porte Royale de style atabeg que le père Fiey qualifie de ‘joyau de la sculpture chrétienne du XIIIe siècle’. »[5]
Succédant aux Atabegs, le Mongol Houlagou Khan prit Mossoul mais épargna la cité de la destruction et des massacres qu’il commit à Bagdad en 1258, grâce « au très habile gouverneur de la ville, Lû’lû’, d’origine arménienne[6] ». Le siècle suivant fut néanmoins tragique. « Les persécutions chrétiennes atteignent leur paroxysme sous Tamerlan, dont les armées ravagent le Moyen-Orient dans les premières années du XIVe siècle et y exterminent les populations chrétiennes. Aucune chrétienté orientale n’ayant dû subir une entreprise d’éradication comparable, celle d’Irak peut à bon droit revendiquer la palme du martyre »[7].
En 1516, Mossoul tomba une première fois aux mains des Turcs ottomans, mais c’est au siècle suivant qu’ils établirent durablement et pour 4 siècles leur domination sur la Mésopotamie irakienne après la conquête de Bagdad en 1638 par le sultan Murad IV.
Mossoul au XVIe siècle fut un grand centre de rayonnement chrétien. C’est là que se déroula le schisme de l’Église de l’Orient, avec l’élection de Yohanès Soulaqa en tant que premier patriarche de l’Église chaldéenne. Supérieur du monastère de Rabban Hormizd d’Alqosh, il prit le nom de Jean VIII et se rendit à Rome pour y faire profession de foi catholique. Le 20 avril 1553, le pape Jules III le proclama patriarche de l’Église chaldéenne catholique « dont la naissance est dès lors officielle [8] ». Après Diyarbakır (sud-est de l’actuelle Turquie) et avant Bagdad (en 1950), c’est à Mossoul, en 1830, que fut établit le siège de l’église chaldéenne, avec l’élection au trône patriarcal du métropolite de Mossoul, Jean VIII Hormez.
En 1743, les chrétiens de Mossoul participèrent activement à la défense de la ville pendant le siège de 42 jours que conduisit le Perse Nâdir Shâh qui avait au préalable pillé et ravagé la plaine de Ninive. Victorieux et reconnaissants le pacha de Mossoul Husayn Djalîlî, « obtint un firman de Constantinople en faveur des églises de Mossoul[9] ». En 1744 furent ainsi construites les deux églises al Tahira de Mossoul, l’une pour les Chaldéens, l’autre pour les Syriaques-Catholiques. D’autre part, les églises endommagées par les bombes furent restaurées.
Le XVIIe siècle marqua l’ouverture des missions latines en Mésopotamie irakienne. Les Frères Capucins ouvrirent leur première maison à Mossoul en 1636. Les Dominicains de la Province de Rome arrivèrent en 1750, suivis de ceux de la Province de France en 1859. Sous leur impulsion est construite la grande église latine Notre-Dame de l’Heure, « de style romano-byzantin, entre 1866 et 1873[10] », à qui l’impératrice Eugénie de Montijot, épouse de Napoléon III, offrit en 1880 la célèbre horloge qui fut installée dans le premier clocher-campanile construit sur le sol irakien. Depuis presque trois siècles, les membres de la Mission dominicaine de Mésopotamie, de Kurdistan et d’Arménie sont des acteurs, des experts et des témoins essentiels de l’histoire chrétienne irakienne et des périls auxquels font face les chrétiens du Proche-Orient.
Un point de rupture eût lieu en 1915-1918 lors du génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéens de l’Empire ottoman. Nombre de rescapés s’installèrent en Mésopotamie irakienne et notamment à Mossoul où préexistaient des communautés chrétiennes. Au cours de cette période, en janvier 1916 en 2 nuits seulement, 15 000 déportés arméniens à Mossoul et dans ses environs furent exterminés, attachés 10 par 10, et jetés dans les eaux du Tigre. Déjà, bien avant ce carnage, dès le 10 juin 1915, le consul allemand à Mossoul, Holstein, télégraphia à son ambassadeur des scènes édifiantes: « 614 arméniens (hommes, femmes, enfants) expulsés de Diarbékyr et acheminés sur Mossoul ont tous été abattus en voyage pendant le voyage en radeau (sur le Tigre). Les kelek sont arrivés vides hier. Depuis quelques jours le fleuve charrie des cadavres et des membres humains (…)[11]».
La chute de Saddam Hussein en 2003 et le développement du fondamentaliste islamico-mafieux eurent un impact considérable sur l’effondrement démographique des communautés chrétiennes d’Irak, tout particulièrement à Mossoul. Le 1er août 2004, les attaques simultanées contre 5 églises de Mossoul et de Bagdad constituèrent le point de départ de l’exode des Chrétiens de Mossoul vers les zones protégées de la plaine de Ninive, vers le Kurdistan d’Irak et vers l’étranger. Les années qui suivirent à Mossoul furent terribles. Les assassinats et kidnappings ciblés des Chrétiens accentuèrent l’exode. Le 6 janvier 2008, jour de l’épiphanie, puis le 9 janvier des actions criminelles visèrent plusieurs édifices chrétiens de Mossoul et de Kirkouk.
C’est dans ce climat terrifiant que fut enlevé Monseigneur Paulos Faraj Rahho, archevêque chaldéen de Mossoul. « Le 13 février 2008, alors qu’il accueillait la délégation de Pax Christi, dans l’église de Karemlesse, tout près de Mossoul, le prélat révélait avoir été menacé par un groupe terroriste quelques jours plus tôt : – ‘Ta vie ou cinq-cent-mille dollars, lui dirent les terroristes’. – ‘Ma vie ne vaut pas ce prix !’ leur a-t-il répondu. Un mois plus tard, le 13 mars, Monseigneur Rahho était retrouvé mort aux portes de la ville[12]. »
Entre juin 2014 et juillet 2017, Mossoul tomba aux mains des combattants islamistes de daesh. Les quelques 10 000 chrétiens qui résidaient encore dans la cité, virent leurs maisons frappées du signe Nazrani (Nazaréen, c’est à dire disciples de Jésus). Ainsi stigmatisés, ils furent sommés de se convertir à l’islam, de payer la djizia (l’impôt des dhimmis), ou de mourir. Ils fuirent la métropole massivement et en toute hâte, mais durent abandonner leur patrimoine chrétien qui fut en grande partie pillé, vandalisé et profané. La bataille de Mossoul et les bombardements de la coalition internationale qui écrasèrent les combattants de daesh sous un déluge de feu, réduisirent en poussière certains des plus grands édifices chrétiens (et musulmans) de Mossoul.
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[1] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Éditions La Thune, Marseille, 2015, p.88
[2] In « Assyrie Chrétienne », vol.II, Jean-Maurice Fiey. Beyrouth, 1965. P. 115-116. Voir aussi « Mossoul chrétienne » de Jean-Maurice Fiey.
[3] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 89
[4] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 92-93
[5] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 94
[6] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 95
[7] In « Vie et mort des chrétiens d’Orient », Jean-Pierre Valogne, Fayard, Mars 1994, p.740
[8] In « Histoire de l’Église de l’Orient », Raymond Le Coz, Cerf, septembre 1995, p. 328
[9] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 97
[10] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 102
[11] In « L’extermination des déportés arméniens ottomans dans les camps de concentration de Syrie-Mésopotamie ». N° spécial de la Revue d’Histoire Arménienne Contemporaine, Tome II, 1998. Raymond H.Kevorkian. p.15
[12] In « Chrétiens d’Orient : ombres et lumières », de Pascal Maguesyan, Éditions Thaddée, septembre 2013, réédité janvier 2014, p. 260
Histoire de l’église chaldéenne Sham’ûn al-Safâ de Mossoul
L’église Sham’ûn al-Safâ est consacrée au nom de Simon Pierre, le prince des apôtres.
On ne se rien de bien précis de sa fondation, si ce n’est qu’elle semble être « manifestement de la plus haute antiquité ». Les spécialistes convergent vers une fondation au IXe siècle[1], avec un baptistère du XIIIe siècle[2]. Il n’est toutefois pas exclu qu’elle ait été fondée entre les IVe et VIIe siècles[3].
Dans le martyrion (bēt sahdē) se trouve la tombe du prêtre Ibrahim, décédé au XIIIe siècle, en 1255 (ou 65). Cette date est la plus ancienne trace historique de l’église Sham’ûn al-Safâ.
Autre élément de datation, une inscription arabe d’époque atabeq (XIIe – XIIIe siècles), sur laquelle sont gravés plusieurs noms, a été découverte sur un mur de la galerie, côté sud.
Une inscription autour de la porte des hommes est datée du XIIIe – XIVe siècle. On peut notamment y lire : « Voici la porte du Seigneur, où repose l’Esprit Saint (…) »[4].
Propriété de l’église apostolique assyrienne de l’Orient (nestorienne) jusqu’au XVIIIe siècle l’église Sham’ûn al-Safâ passa ensuite à l’église chaldéenne et devint même un siège épiscopal.
La restauration de 1847 est inscrite au dessus de la porte royale : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon église ; en l’an 1847 de l’ère chrétienne ».
L’archevêché chaldéen de Mossoul conserve plusieurs manuscrits des XVIIe – XVIIIe siècles au nom de l’église Sham’ûn al-Safâ.
Signe de son importance, c’est à Sham’ûn al-Safâ que se trouve un caveau au nom de la célèbre famille dynastique Djalili, dont plusieurs membres gouvernèrent Mossoul. « Dans ce tombeau, cédé aux Dominicains au XVIIIe siècle furent enterrés un capucin en 1724, puis un carme en 1757 selon le récit du P. Lanza » puis d’autres religieux, dominicains.
Au début des années 1980, l’église Sham’ûn al-Safâ avait été classée par la marie de Mossoul comme un monument privilégié à restaurer. Malheureusement, en l’an 2000 cette église était en ruine[5]. Le chaos politique après 2003 et la guerre aux conséquences catastrophiques entre 2014 et 2017 n’offrent pas de perspectives favorables.
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[1] Père Habbi et père Haddad, cités par Fr. Jean-Marie Mérigoux, o.p.
[2] Selon le père et savant Jean-Maurice Fiey, cité par Fr. Jean-Marie Mérigoux, o.p.
[3] In « Les églises et monastères du Kurdistan irakien à la veille et au lendemain de l’islam », Narmen Ali Muhamad Amen, Mai 2001, Thèse de doctorat, université Saint Quentin en Yvelines, p.251.
[4] Citation intégrale in « Les chrétiens de Mossoul et leurs églises pendant la période ottomane de 1516 à 1815», Fr. Jean-Marie Mérigoux, o.p. Mossoul-Ninive,1983, p. 102.
[5] Visite de l’archéologue Narmen Ali Muhamad Amen
Description de l’église chaldéenne Sham’ûn al-Safâ de Mossoul
Avant qu’elle ne tombe en ruine, l’église Sham’ûn al-Safâ avait été décrite par plusieurs experts et voyageurs, parmi lesquels les archéologues britannique Claudius James Rich au XIX siècle et allemand Ernst Herzfeld dans la première moitié du XXe siècle, mais aussi les dominicains français Jean-Maurice Fiey et Jean-Marie Mérigoux au XXe siècle et l’archéologue irakienne Narmin Ali Amin au tournant des XXe et XXIe siècles. Voici donc sa description telle qu’elle pouvait être au début des années 1980 :
L’église Sham’ûn al-Safâ est accessible par une simple porte discrète, à l’ouest de l’édifice, derrière laquelle se trouve un « passage qui domine de six mètres la cour de l’église que l’on apercevoir tout d’abord d’en haut ». Un escalier permet de descendre dans la cour et d’atteindre ainsi le niveau de l’église tel qu’il était au XIIe siècle, où se trouvent d’anciennes tombes.
Autour de la cour, une galerie ouvre sur l’église au nord et un autel de plein air (bēt slōta) à l’est dans l’axe de l’entrée, principalement utilisé pendant l’été.
Sous la galerie nord, deux portes, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes, donnent accès à l’église.
L’édifice long de 27 mètres et large de 7 mètres dans sa partie centrale, est une double nef, asymétrique. La nef principale, à droite, présente à son extrémité ouest un narthex, par lequel on peut accéder au baptistère. À l’est, la porte royale ouvre sur un sanctuaire équipé d’un maître-autel à degré adossé au mur de l’abside, au dessus duquel s’élève une coupole. Le bas-côté gauche est légèrement courbé à l’ouest. À son extrémité est se trouve la sacristie (bēt diācōn) puis un autel secondaire. Au nord du bas-côté, dans l’axe de l’entrée de l’entrée de l’église se trouve l’alcove du martyrion (bēt sahdē).
L’église contient également plusieurs niches reliquaires à gauche de la porte royale et dans le bas-côté.
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