Le monastère Deir Mariam Al-Adra de Souleimaniyé

Le monastère Deir Mariam Al-Adra (Vierge Marie, Immaculée Conception) se situe au cœur de Souleimaniyé, deuxième ville du Kurdistan d’Irak, proche de la frontière iranienne, à 35°33’12.9 N, 45°26’45.7 E et 851 mètres d’altitude.

La construction, en 1862, de l’église chaldéenne Mariam Al-Adra (Vierge Marie, Immaculée Conception) de Souleimaniyé, s’inscrit dans le contexte historique d’une intense dévotion mariale dans l’église catholique et d’une volonté de renouveau chaldéen en Irak. Deir Mariam Al-Adra de Souleimaniyé est devenue en 2012 l’église monastique de la communauté al-Khalil, une communauté dédiée au rapprochement islamo-chrétien, fondée en 1991 par le jésuite italien Paolo Dall’Oglio.

Fidèle à sa vocation, Deir Mariam Al-Adra propose des rencontres, des conférences et des activités éducatives au bénéfice des enfants, des adolescents et des jeunes adultes de toutes confessions ; chrétiens, musulmans et yézidis.

Le monastère se compose de plusieurs bâtiments et équipements anciens et modernes, reliés les uns aux autres par un cloître et une ruelle. De nombreuses organisations civiles et religieuses, irakiennes et européennes, contribuent à la vitalité de ce patrimoine vivant, de ses activités et de ses projets.


Photo : Deir Mariam Al-Adra, le monastère de la Vierge Marie de Souleimaniyé. Octobre 2019 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Localisation

Le monastère Deir Mariam Al-Adra (Vierge Marie, Immaculée Conception) se situe à Souleimaniyé, à 35°33’12.9 N, 45°26’45.7 E et 851 mètres d’altitude.

Deuxième ville kurde irakienne, chef-lieu de la province éponyme, Souleimaniyé est à 200 km au sud-est d’Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan d’Irak, à 110 km à l’est de Kirkouk et un peu plus de 100 km à l’ouest de la frontière iranienne.

Au cœur du vieux Souleimaniyé, le monastère Deir Mariam Al-Adra est implanté dans le quartier ancien des Sabunkaran (Sabunkhan), le quartier des ateliers et fabricants de savon.

Deir Mariam Al-Adra, le monastère de la Vierge Marie de Souleimaniyé, avec vue sur la ville.
Octobre 2019 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Fragments d’histoire et aspects démographiques

Édifiée en 1784 par Ibrahim Pacha, un chef kurde-ottoman, Souleimaniyé fut la capitale de l’émirat kurde de Baban, connue pour avoir été un pôle culturel et artistique kurde.

Relativement jeune, Souleimaniyé n’est qu’à 5 km au nord-ouest du site de Kunara, où des archéologues français ont mis au jour une riche cité antique mésopotamienne vieille de plus de 4000 ans, grâce à plusieurs campagnes de fouilles entre 2012 et 2018[1].

Les Kurdes, musulmans, constituent la quasi totalité de la population de Souleimaniyé estimée en 2008, à un peu de plus de 700 000 habitants. La communauté juive, autrefois importante a totalement disparue. Près de 3000 chrétiens de toutes confessions vivent encore à Souleimaniyé. Ils sont irakiens (assyriens et chaldéens, syriaques orthodoxes et catholiques, arméniens) et étrangers (égyptiens, éthiopiens et érythréens, philippins, indiens). Parmi ces chrétiens non-irakiens figurent aussi environ 200 protestants venus avec les agences de l’ONU. Il faut enfin signaler, même de manière infime et marginale, l’existence d’une centaine de Kurdes convertis au christianisme évangélique[2].

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[1] https://lejournal.cnrs.fr/articles/une-riche-cite-decouverte-aux-portes-de-la-mesopotamie

[2] Source Jens Petzold, prieur du monastère Deir Mariam Al-Adra.

La ville de Souleimaniyé.
Octobre 2019 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Histoire fondatrice et évolution de l’église Mariam Al-Adra

La construction, en 1862, de l’église chaldéenne Mariam Al-Adra (Vierge Marie, Immaculée Conception) de Souleimaniyé, s’inscrit dans le contexte historique d’une intense dévotion mariale dans l’église catholique et d’une volonté de renouveau chaldéen en Irak.

Cette église porte le même nom et présente les mêmes caractéristiques architecturales que celle bâtie la même année à Kirkouk,[1] sous le règne du Patriarche chaldéen Joseph Audo et du Pape Pie IX, qui proclama 8 ans auparavant, le 8 décembre 1854, le dogme marial de l’Immaculée Conception. Cette construction suivit également de 4 ans les apparitions mariales de Lourdes, en 1858, à la jeune Bernadette Soubirous, qui eurent un retentissement international considérable.

Encastrée dans le mur extérieur de l’église Mariam Al-Adra de Souleimaniyé, une plaque gravée porte en langue syriaque l’inscription dédicatoire.

L’église a subit des dommages lors de la première guerre mondiale.

Dans les années 1960, la communauté chaldéenne de Souleimaniyé a entreprit des travaux de modernisation et d’agrandissement de l’église Mariam Al-Adra. Ces travaux modifièrent sa structure originelle à 3 nefs et piliers centraux. La toiture fut transformée avec la création d’une couverture en métal (chaude en été, froide en hiver).

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[1] Voir à ce propos la notice sur l’église Mariam Al-Adra de Kirkouk

Deir Mariam Al-Adra, le monastère de la Vierge Marie de Souleimaniyé.
Octobre 2019 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Deir Mariam Al-Adra, le monastère de la Vierge Marie de Souleimaniyé.
Octobre 2019 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Deir Mariam Al-Adra, le monastère de la Vierge Marie de Souleimaniyé.
Octobre 2019 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Deir Mariam Al-Adra, le monastère de la Vierge Marie de Souleimaniyé.
Octobre 2019 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Dédicace fondatrice de l'église Mariam Al-Adra de Souleimaniyé.
Octobre 2019 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Mosaïque de la Vierge et l’Enfant, réalisée par le Centre Aletti de Rome (atelier d’art spirituel dirigé par le Jésuite Marko Ivan Rupnik). Cette mosaïque orne un petit autel de prières dans la cour du monastère.
Octobre 2019 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

La communauté Al-Khalil et le renouveau de l’église Mariam Al-Adra

L’église paroissiale Mariam Al-Adra de Souleimaniyé est devenue en 2012 l’église monastique de la communauté al-Khalil, une communauté dédiée au rapprochement islamo-chrétien, fondée en 1991 par le jésuite italien Paolo Dall’Oglio. Ordonné prêtre dans le rite syriaque-catholique, ce religieux commença en 1984 par revitaliser un monastère syriaque-orthodoxe du VIe siècle, Deir Mar Moussa al Habachi (le monastère de Saint-Moïse l’Abyssin), au nord-est de Damas, en Syrie. Progressivement, ce magnifique monastère devint un haut-lieu du dialogue interreligieux et accueillait avant la guerre civile syrienne des visiteurs et des pèlerins du monde entier.

La guerre contraignit Paolo Dall’Oglio à quitter le monastère de Mar Moussa et la Syrie. Il fut alors accueilli en Irak, à Souleimaniyé, par le Patriarche chaldéen Louis Raphaël Ier Sako et refonda fin 2012 à Mariam Al-Adra la communauté Al-Khalil et une vie monastique.

Retourné clandestinement en Syrie,  Paolo Dall’Oglio disparut à Raqqa, le 28 Juillet 2013. Depuis lors, le monastère Mariam Al-Adra est dirigé par l’un de ses compagnons,  le père Jens Petzold, dit Abouna Yohanna, un religieux suisse arabophone.

Le père Jens Petzold, prieur du monastère de la Vierge Marie de Souleimaniyé.
Octobre 2019 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Le père Jens Petzold, dans l'église Mariam Al-Adra de Souleimaniyé.
Septembre 2018 © Jean-Pierre Cecchini

Vie du monastère Mariam Al-Adra

Fidèle à la vocation originelle de la communauté al-Khalil, Deir Mariam Al-Adra propose des rencontres, des conférences et des activités éducatives (catéchisme, culture générale et soutien scolaire, cours de kurde, d’arabe et d’anglais, cours d’histoire et de philosophie, formations professionnelles, musique, théâtre, peinture), au bénéfice des enfants, des adolescents et des jeunes adultes de toutes confessions ; chrétiens, musulmans et yézidis.

Le monastère Mariam Al-Adra se compose de plusieurs bâtiments et équipements anciens et modernes, reliés les uns aux autres par un cloître et une ruelle : l’église Mariam al-Adra proprement dite construite en 1862, un presbytère, une maison pour les moines et les hôtes masculins, une maison pour les moniales et les hôtes féminins, ainsi que des espaces polyvalents pour les cours, les réunions et les fêtes. Des logements d’urgence ont également été installés pour accueillir en 2014 des familles chrétiennes et yézidies chassées par daesh.

De nombreuses organisations civiles et religieuses, irakiennes et européennes, contribuent à la vitalité de ce patrimoine vivant, de ses activités et de ses projets.

Activités socio-éducatives au monastère Deir Mariam Al-Adra.
Septembre 2018 © Jean-Pierre Cecchini
Atelier de peinture au monastère Deir Mariam Al-Adra, pour des enfants yézidis et musulmans déplacés.
Septembre 2018 © Jean-Pierre Cecchini

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