L’église Mar Ith-Alaha de Dehok – Nouhadra
L’église Mar Ith-Alaha de Dehok (Nouhadra en syriaque) se situe à 36°51’43.00″N 42°59’6.00″E et 543 mètres d’altitude.
Jusqu’au déclin de l’Empire Ottoman, la population de Dehok était majoritairement chrétienne. Aujourd’hui, la population de Dohok est essentiellement kurde, musulmane sunnite.
L’église primitive Mar Ith-Alaha aurait été l’une des plus anciennes, sinon la plus ancienne, de Dehok. L’analyse des sources atteste l’existence d’un couvent à son nom au VIIe siècle.
L’actuel édifice, plusieurs fois restauré, transformé et agrandi au cours du XXe siècle et jusqu’à nos jours, a été érigé en lieu et place de l’ancienne église Mar Ith-Alaha.
Localisation
L’église Mar Ith-Alaha se situe à 36°51’43.00″N 42°59’6.00″E et 543 mètres d’altitude.
L’église Mar Ith-Alaha se trouve dans la ville de Dehok (Nouhadra en syriaque), au cœur de la région autonome dite du Kurdistan d’Irak.
Chef lieu de la province éponyme, Dehok jouit d’une situation géographique privilégiée, à 75 km au nord de Mossoul et 155 km au nord-ouest d’Erbil, la capitale régionale kurde.
Adossée au massif montagneux qui borde la partie septentrionale du Kurdistan d’Irak, ouverte sur la plaine qui longe la rive orientale du Tigre, Dehok est à la croisée des chemins et des influences.
Toponymie
Comme souvent en Mésopotamie, Dehok porte dans l’histoire de sa toponymie la variété des cultures et des civilisations qui s’y sont succédées.
Les Kurdophones préfèreront Duhok, les Arabophones choisiront Dahuk, tandis que les Syriaques voudront préserver Nouhadra.
Fragments d’histoire chrétienne
Jusqu’au déclin de l’Empire Ottoman, la population de Dehok (Nouhadra en syriaque) était majoritairement chrétienne. Les razzias kurdes à la fin du XIXe siècle, le génocide des Assyro-Chaldéens (1915-1918) puis le massacre de Simele en 1933 entrainèrent des modifications profondes et radicales des équilibres démographiques et confessionnels locaux et régionaux.
Aujourd’hui, la population de Dehok est essentiellement kurde, musulmane sunnite. Les Chrétiens qui y demeurent sont majoritairement membres de l’Église (catholique) chaldéenne. L’Église de l’Orient, qui fut mille ans durant le terreau confessionnel dominant de l’Assyrie, parvient à préserver son empreinte historique à Dehok. Ce passage de l’Église de l’Orient vers l’Église Chaldéenne ne s’est pas fait immédiatement après la scission de 1553. En 1676, le missionnaire dominicain Ballyet qui visita Dohok ne compta que 30 familles catholiques et une seule église, probablement celle de la Sainte Vierge[1]. C’est à la fin du XVIIIe siècle et au cours du XIXe siècle que l’Église chaldéenne prit l’essor qu’on lui connait aujourd’hui. En 1913, l’abbé Joseph Tfinkdji recensait 350 Chaldéens à Dehok, 2 prêtres, 1 église et 1 école[2].
Signalons également à Dehok l’existence d’une micro-communauté chrétienne, arménienne, non autochtone, dont la fragilité démographique est comme pour l’Église de l’Orient, inversement proportionnelle à son enracinement dans l’histoire.
[1] The ecclesiastical organisation of the church of the East, 1318-1913, David Wilmshurst, Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, Vol. 582, Subsidia Tomus 104 LOVANII IN AEDIBUS PEETERS, 2000, p.140
[2] L’Église Chaldéenne Catholique, autrefois et aujourd’hui, Abbé Joseph Tfinkdji, Extrait de l’annuaire pontifical catholique de 1914, p.72
Fragments d’une hagiographie
Issue d’une expression de langue syriaque, Ith’ Alaha signifie « Dieu Existe » ou « Il y a Dieu ». L’expression désigne tout à la fois le patronyme d’un saint assyrien en même temps que le nom de l’unique lieu de pèlerinage qui lui est associé en Mésopotamie irakienne.
Les sources historiques et académiques disponibles sur la vie de Mar Ith-Alaha sont loin de pouvoir satisfaire de grands érudits comme les pères Paul Peeters et Jean-Maurice Fiey. Reste la tradition. Mar Ith-Alaha y est dépeint comme un martyr du IVe siècle, vers 379, victime du roi de la Perse sassanide Shapur II, « compagnon de martyre de ‘Aqewšma, prétendu évêque de Hnīta et du prêtre Joseph[1] ». La tradition, dans la Chronique de Seert, rapporte également qu’un myrte poussa à l’endroit où Mar Ith-Alaha fut martyrisé. C’est précisément à cet endroit, ajoute le Livre de la Chasteté, que fut érigée l’église de Mar Ith-Alaha: « Après un temps, les fidèles bâtirent un couvent célèbre sous le nom du Bienheureux. »[2]
L’église primitive de Mar Ith-Alaha serait donc l’une des plus anciennes, sinon la plus ancienne, de Dehok. L’analyse des sources atteste l’existence d’un couvent à son nom au VIIe siècle.
L’actuel édifice, plusieurs fois restauré, transformé et agrandi au cours du XXe siècle et jusqu’à nos jours, a été érigé en lieu et place de l’ancienne église Mar Ith-Alaha. D’une église à l’autre, le site actuel était-il pour autant celui de l’église primitive ? Il est d’autant plus difficile de répondre à cette question qu’il ne subsiste presque plus aucune trace archéologique visible des époques précédentes.
Jean-Maurice Fiey put déceler il y a plus de 50 ans « des traces de murs qui témoignent de l’extension du couvent ancien et des tombes qui sont probablement celles de ses moines, mêlées aux fidèles qui voulurent se faire enterrer à côté du martyrion[3]. »
Autrefois, le couvent bénéficiait d’une source, où les habitants venaient chercher grâces, soins et miracles. La source qu’observa Jean-Maurice Fiey, s’était déplacée à ¼ d’heure de marche de l’église.
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[1] Assyrie Chrétienne, Jean-Maurice Fiey, p.703-704
[2] ibid., p.704
[3] ibid., p.705
Description de l'église
Dressée sur une esplanade, où l’on accède en empruntant une rampe en pente douce, l’église actuelle de Mar Ith-Alaha développe une structure massive et moderne en moellons et béton armé, en forme de halle, hérissée de créneaux et merlons, figures imposées de l’architecture néo-babylonienne et qu’emploie souvent de nos jours l’Église Chaldéenne en Irak comme en diaspora.
Sa toiture plane à deux niveaux est composée de terrasses aux extrémités desquelles se dressent d’un côté le dôme et de l’autre le clocher.
Sur son versant oriental, au dessus de l’abside, le dôme circulaire qui repose sur un étroit tambour est surmonté d’un faux lanternon équipé d’une croix métallique.
Sur son versant occidental, l’église est équipée d’un clocher-tour carré, érigé au dessus du porche et lui aussi surmonté d’une grande croix en métal.
Sur chaque aile de l’édifice, une porte latérale ouvre sur les bas-côtés. Celle qui donne sur le sud est couramment employée pour les entrées et sorties des célébrations ordinaires.
L’intérieur de l’édifice présente des caractéristiques assez classiques. La nef centrale et les nefs latérales reposent sur 3 paires de piliers ronds en marbre de Mossoul et une paire de piliers carrés à l’entrée du chœur.
La voûte de la nef centrale est surélevée par rapport à ses collatérales. Au bout de celle-ci, derrière l’abside, le mur du déambulatoire est tapissé de panneaux de marbre et percé dans son axe central d’une grande croix latine, dont le tronc et les bras sont composés de vitraux ornés de motifs chatoyants.
Pour le reste, l’intérieur de l’église est assez dépouillé. Seul son magnifique marbre gris de Mossoul lui confère sa singularité irakienne.
À l’extérieur de l’édifice trône une statue de Mar Ith-Alaha. L’œuvre peinte ne présente aucune valeur artistique ou esthétique particulière. De taille un peu plus qu’humaine, fièrement dressée devant les montagnes du Kurdistan, elle semble dire « Dieu existe », là où les Chrétiens de Mésopotamie connaissent sans doute en ce début XXIe siècle leur ultime refuge.
Le pèlerinage de Mar Ith-Alaha a lieu chaque année le mercredi de Pâques.
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