L’église Mar Guorguis de Bakhdida (Qaraqosh)
L’église Mar Guorguis de Bakhdida (Qaraqosh) se situe à 36°15’56.73″N 43°22’42.57″E et 272 mètres d’altitude.
Mar Guorguis, l’ancienne, aurait été fondée au VIe siècle. Son existence est signalée dans un recueil de prières de Rogations en 1270.
L’église syriaque-orthodoxe Mar Guorguis de Bakhdida (Qaraqosh) est double. Il y a l’ancienne et la nouvelle. La première, chétive, est d’apparence rupestre. La seconde, massive, est couverte d’un dôme de fer en escaliers. Tandis que la première témoigne d’une époque révolue, la seconde est un plaidoyer à la modernité. Les deux se tiennent pourtant côte à côte, presque collées l’une à l’autre, comme un trait d’union revendiqué entre le passé et le présent.
Localisation
L’église Mar Guorguis de Bakhdida (Qaraqosh) se situe à 36°15’56.73″N 43°22’42.57″E et 272 mètres d’altitude.
À 30 km au sud-est de Mossoul et 80 km à l’ouest d’Erbil, Bakhdida (Qaraqosh) est la plus grande ville chrétienne de la plaine de Ninive que l’anthropologie religieuse connaît aussi sous le nom de plaine des Syriaques.
Les destructions et profanations qui y ont été commises par les djihadistes de Daesh, entre le 7 Août 2014 et le 22 Octobre 2016, loin d’altérer ce statut, le rappellent avec force et conviction.
Mar Guorguis est située au sud-est de la ville, sur la route qui conduit au grand monastère Mar Behnam et Sarah.
Fragments d'histoire
Qaraqosh, de son nom syriaque originel Baghdédé (Baghdéda) fut probablement évangélisée au VIIe siècle – certains plaident le IVe siècle tardif – et devint un pôle majeur de l’église syriaque-orthodoxe avant de passer au catholicisme au XVIIIe siècle.
C’est cette épopée pluriséculaire orthodoxe qu’incarne encore aujourd’hui l’église Mar Guorguis de Bakhdida (Qaraqosh).
Mar Guorguis, l’ancienne, aurait été fondée au VIe siècle. La source qui en fait état est l’évêque Paulos Behnam dans son étude de 1949 sur les églises jacobites (syriaques-orthodoxes) de Qaraqosh[1]. Son existence est aussi signalée dans un recueil de prières de Rogations en 1270.
Lorsque s’implanta durablement le catholicisme dans la plaine de Ninive et singulièrement à Qaraqosh au XVIIIe siècle, les Syriaques devenus catholiques obtinrent vers 1768 « la permission d’élever un autel dans le B. Sohdé de l’église Mār Guōrguĩs[2] ».
Restaurée en 1866, ses proportions imposantes encore visibles au XXe siècle, dans les années 70, n’ont plus rien à voir avec ce qu’il reste aujourd’hui de l’édifice. Réduite à sa plus simple et à sa plus intime expression depuis l’érection de la nouvelle église ; Mar Guorguis l’ancienne, faite de briques et de terre, a été enchâssée dans un coulis de ciment et blindée par du béton armé. Étrange église de poche, composée de trois petits sanctuaires en enfilade, dont les restes authentiques suggèrent un glorieux patrimoine plus qu’ils ne le révèlent.
L’église Mar Guorguis abritait encore deux plaques commémoratives, lorsque Jean-Maurice Fiey la visita au siècle dernier : l’une racontait la grande peste de Qaraqosh en 1773, qui tua « presque toute la population[3] », 4000 morts, dont 52 prêtres et diacres. L’autre portait sur le creusement du puits de Qaraqosh en 1739.
[1] In Assyrie Chrétienne, p.458, Jean-Maurice Fiey
[2] Id. p.445
[3] Qaraqoche ou la disparition des chrétiens de la plaine de Ninive, Christian Lochon, Revue de l’Œuvre d’Orient.
Mar Guorguis l’ancienne, Mar Guorguis la nouvelle
L’église syriaque-orthodoxe Mar Guorguis de Bakhdida (Qaraqosh) est double. Il y a l’ancienne et la nouvelle. La première, chétive, est d’apparence rupestre. La seconde, massive, est couverte d’un dôme de fer en escaliers. Tandis que la première témoigne d’une époque révolue, la seconde est un plaidoyer à la modernité. Les deux se tiennent pourtant côte à côte, presque collées l’une à l’autre, comme un trait d’union revendiqué entre le passé et le présent.
Ces deux édifices constituent le centre spirituel d’un domaine religieux, complété de plusieurs bâtiments fonctionnels, et bordé par un mur d’enceinte.
Dans le jardin de l’église, qui abritait autrefois un cimetière, trône une grande statue équestre en ciment de Mar Guorguis terrassant le dragon. Figure classique et emblématique de l’Orient chrétien, la sculpture du saint protecteur a été décapité par les assaillants djihadistes.
Actualité
Nul doute que Mar Guorguis n’ait eu à supporter tout au long de son histoire patrimoniale les armées de conquérants qui se sont succédées à Bakhdida (Qaraqosh). La dernière offensive, outre les profanations et destructions malheureusement habituelles, a transformé le domaine religieux en un laboratoire de fabrication de bombes et engins explosifs.
L’église a également souffert des dommages de guerre liés à la reconquête de Bakhdida (Qaraqosh) en juillet 2016. Ainsi, le campanile qui marque l’entrée du domaine a été défiguré par les bombardements. Son squelette, visible de loin, témoigne des violences subies par le patrimoine chrétien de la ville.
Les Syriaques-Orthodoxes étaient peu nombreux à Bakhdida (Qaraqosh). L’exode de 2014 a encore fait diminuer leur présence. Cependant les paroissiens ont nettoyé l’église de la poussière qui s’était accumulée pendant 3 ans. L’intérieur de l’église est heureusement préservé, ce qui permet aux fidèles de revenir y prier.
L’ancienne église syriaque-orthodoxe Mar Guorguis de Bakhdida (Qaraqosh) est dans la même situation qu’elle était après la libération (seulement elle a été bien nettoyée).
La nouvelle église syriaque-orthodoxe Mar Guorguis de Bakhdida (Qaraqosh), elle a été bien nettoyée et restaurée. La toiture a été rénovée, la coupole a été entièrement repeinte. Les abords à l’extérieur de l’église (parvis et jardin) eux aussi ont été nettoyés et reconstitués.
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