Le couvent Mar Audicho’ & Mar Qardagh de Déré
Le couvent Mar Audicho’ et Mar Qardagh de Déré se situe à 37°05’53.8″N 43°31’15.3″E et 1186 mètres d’altitude. La grotte de Mar Audicho’ juste au dessus du monastère se situe à 37°05’53.5″N 43°31’17.8″E et 1207 mètres d’altitude.
Le couvent primitif de Mar Audicho’ et Mar Qardagh de Déré, dont on ne sait rien de précis et de vérifiable sur son histoire originelle, pourrait avoir été édifié dès le IVe siècle. L’édifice qui lui succéda au XXe siècle fut détruit en 1963 puis reconstruit en 1985 et totalement détruit sous Saddam Hussein en 1987. La reconstruction du couvent en 1995 et le maintien sur place d’une communauté assyrienne de l’Église de l’Orient sont tout à fait exceptionnels. À l’aube du XXIe siècle, le renouveau du sanctuaire de Mar Aodischo est d’une valeur historique inestimable. Il est redevenu pour des milliers de pèlerins et de visiteurs un très haut lieu spirituel de l’Église de l’Orient.
Localisation
Le couvent Mar Audicho’ et Mar Qaradagh de Déré se situe à 37°05’53.8″N 43°31’15.3″E et 1186 mètres d’altitude. C’est un haut lieu de pèlerinage de l’Église de l’Orient. Sa localisation dans le village de Déré suggère son statut. Déré vient en effet du mot Dēr qui signifie monastère en syriaque (on dit aussi deir en arabe et en turc). La toponymie du village suggère donc la présence ancienne d’un important lieu saint, en l’occurrence le monastère de Mar Audicho’ et Mar Qardagh.
Le couvent Mar Audicho’ et Mar Qardagh se situe à 4 km d’Amadia. Pour y accéder, il faut emprunter un sentier carrossable qui sillonne le flanc de la montagne et longe la falaise, 3 km après le passage des gorges de Sulav.
Implanté dans un espace boisé et retiré du massif montagneux qui surplombe le petit village de Déré, le couvent Mar Audicho’ et Mar Qardagh n’était autrefois accessible qu’aux marcheurs et aux cavaliers. La piste, élargie, est à présent est à présent accessible aux voitures.
Fragments d’histoire
La tradition attribue l’origine de l’Église de l’Orient aux apôtres et évangélisateurs Thomas, Addaï (Thaddée, Jude) et Mari. C’est notamment auprès des communautés juives locales qu’aurait été prêchée la nouvelle religion. Certains saints prédicateurs Zeya et Sawa sont également invoqués dès le IIe siècle.
La christianisation de Déré est semblable à celle de tous les villages du secteur d’Amadia. Née de cette tradition apostolique qui s’est répandue en Mésopotamie au cours des trois premiers siècles, c’est surtout à partir du IVe siècle et des nombreux martyrs persécutés par le roi de Perse Shapur II que l’Église assyrienne de l’Orient est véritablement entrée dans l’histoire régionale.
De la très longue histoire chrétienne, retenons que ces montagnes, autrefois très difficiles d’accès, furent tout à la fois le lieu d’épanouissement et de protection de l’Église de l’Orient.
À la fin du XIXe siècle, sous l’administration ottomane du sultan rouge Abdul Hamid II et jusqu’au démembrement de l’empire en 1918, le sandjak[1] de Hakkari, auquel appartenait le village de Déré, fut intégré au vilayet[2] oriental de Van afin de mieux le contrôler. Il faut dire que c’est dans le Hakkari, à Kotchanès, que se situait le siège patriarcal de l’Église de l’Orient jusqu’en 1915. Les Assyriens y étaient « fortement concentrés et représentaient plus du tiers de la population[3] ». Ses onze cazas[4], dont celui d’Amadia, étaient pour la plupart « habités par des Assyriens[5] ». La nouvelle organisation administrative visait à soumettre les communautés chrétiennes assyriennes relativement autonomes de ce territoire reculé de l’empire ottoman, ce que le génocide perpétré par les Jeunes-Turcs paracheva en 1915.
Le reste du XXe siècle ne fut guère plus heureux pour les Assyro-Chaldéens de ces montagnes. Les différentes guerres qui caractérisent l’histoire locale et régionale depuis 1961 eurent un impact très lourd sur le patrimoine chrétien.
Le couvent primitif de Mar Audicho’ et Qardagh de Déré, dont on ne sait rien de précis et de vérifiable sur son histoire originelle, pourrait avoir été édifié dès le IVe siècle[6].
L’édifice qui lui succéda au XXe siècle fut détruit en 1963 puis reconstruit en 1985 et totalement détruit sous Saddam Hussein en 1987.
Dans un tel contexte historique et politique, la reconstruction du couvent en 1995 et le maintien sur place d’une communauté assyrienne de l’Église de l’Orient sont tout à fait exceptionnels. À l’aube du XXIe siècle, le renouveau du sanctuaire de Mar Aodischo est d’une valeur historique inestimable. Il est redevenu pour des milliers de pèlerins et de visiteurs un très haut lieu spirituel de l’Église de l’Orient.
[1] Subdivision territoriale ottomane équivalent à peu près à un département français.
[2] Province ottomane, équivalent d’une région française.
[3] In Oubliés de tous. Les Assyro-chaldéens du Caucase, de Joseph et Claire Yacoub, Les éditions du Cerf, 2015, p.26
[4] Le caza est comparable au canton
[5] id. note 3.
[6] Entre 1650 et 1700, selon le père Emmanuel Dinka Petros, curé de Mar Audicho’ de Déré.
Fragments d’une hagiographie
La tradition rapporte que Mar Audicho’ vécut au IVe siècle dans une grotte de la montagne Bet Brach (à proximité de Shaqlawa et d’Erbil). On dit aussi qu’il séjourna à Van (sud-est dans l’actuelle Turquie). Quel que fut son lieu de résidence, il fut emprisonné par le gouverneur de Shaqlawa, le futur Mar Qardagh. Converti lui aussi au christianisme et baptisé par Mar Audicho’, Mar Qardagh fut martyrisé à Erbil pour avoir refusé d’abjurer sa foi et de revenir au paganisme.
Grande figure prédicatrice de l’Église de l’Orient, Mar Audicho’, qui ne connut par le martyre, a donné son nom à de nombreuses églises de Mésopotamie.
Audicho’ signifie également « serviteur de Dieu » en araméen. C’est pourquoi beaucoup de lieux chrétiens portent ce nom en Mésopotamie.
La petite histoire d’un couvent inestimable
Le couvent primitif de Mar Audicho’ et Mar Qardagh de Déré, dont on ne sait rien de précis et de vérifiable sur son histoire originelle, pourrait avoir été édifié dès le IVe siècle[1].
L’édifice qui lui succéda au XXe siècle fut détruit en 1963 puis reconstruit en 1985 et totalement détruit sous Saddam Hussein en 1987.
Dans un tel contexte historique et politique, la reconstruction du couvent en 1995 et le maintien sur place d’une communauté assyrienne de l’Église de l’Orient sont tout à fait exceptionnels. À l’aube du XXIe siècle, le renouveau du sanctuaire de Mar Audicho’ est d’une valeur historique inestimable. Il est redevenu pour des milliers de pèlerins et de visiteurs un très haut lieu spirituel de l’Église de l’Orient.
[1] Entre 1650 et 1700, selon le père Emmanuel Dinka Petros, curé de Mar Audicho’ de Déré.
Description du couvent
Le couvent Mar Audicho’ et Mar Qardagh de Déré est constitué d’un espace religieux et de bâtiments conventuels qui ouvrent sur une cour intérieure ombragée et un petit bois en pente. L’ensemble est fermé au nord par un portail et un mur d’enceinte, le long duquel un chemin forestier mène vers une source d’eau très fréquentée par les touristes et les pèlerins.
Bâti en pierres de taille, l’espace religieux se compose de trois chambres mononef construites en enfilade, coiffées de trois toitures distinctes en béton armé et surmontées chacune de croix assyriennes.
Une fois passée l’étroite galerie qui longe le sud-ouest de l’édifice religieux, on pénètre dans la première chambre : le vestibule Mariamana[1]. Cette pièce de 6 mètres sur 3 est complétée d’une alcôve d’environ 6 m2 équipée d’un autel.
La chambre suivante est l’église proprement dite consacrée à Mar Audicho’. En forme de nef simple, ses proportions sont à peu équivalentes au vestibule. Sa couverture en forme d’arc bombé est bordée de créneaux et merlons imitant le style assyro-babylonien et se trouve surmontée d’un clocher-arche. À l’intérieur, comme il est d’usage dans toute église assyrienne, l’autel se dresse derrière une porte sainte équipée d’un rideau.
La dernière chambre en enfilade est l’église Mar Qardagh. En forme de nef simple un peu plus longue que l’église Mar Audicho’ qui la précède, elle est dotée d’une toiture terrasse. La sobriété de son agencement intérieur préserve là aussi l’essentiel. Le Saint des Saints (réservé au clergé) est séparé du temple (ou prennent place les fidèles) par une porte royale en arc plein cintre, de part et d’autre de laquelle sont édifiées les deux portes mineures du sanctuaire.
La falaise, sur un replat de laquelle est posé le couvent, est percée de cavités qui ont sans doute constitué en leur temps des ermitages. La tradition rapporte que Mar Audicho’ vécut dans l’une de ces cavités. Située quelques dizaines de mètres au nord-est du couvent, à 37°05’53.5″N 43°31’17.8″E et 1207 mètres d’altitude, cette grotte est fermée par une petite porte de fer cadenassée. L’ermitage de Mar Audicho’ est un haut lieu de recueillement où les nombreux pèlerins viennent prier le saint patron et demander son intercession pour exaucer toutes sortes de vœux. C’est en particulier « un lieu de culte pour les villageoises qui s’y rendent lorsqu’elles sont stériles pour recouvrer la fertilité et en particulier pour enfanter une fille. Si leur demande est exaucée, elles coupent une mèche de leurs cheveux qu’elles déposent dans le Dēr en remerciement[2] ». Les pèlerins déposent également dans cette grotte toutes sortes de cadeaux en témoignage de leur foi et de leur gratitude.
[1] Pour le plan, voir Les églises et monastères du « Kurdistan irakien » à la veille et au lendemain de l’islam, p. 242-244. Thèse de doctorat de Narmen Ali Muhamad Amen. Université Saint-Quentin en Yvelines, Mai 2001.
[2] Id., p.244
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