L’église syriaque-catholique Mar Touma de Mossoul
L’église syriaque-catholique Mar Touma se situe à 36°20’28.71″N 43° 7’31.04″E et 235 mètres d’altitude, dans le vieux Mossoul autrefois délimité par les remparts ottomans, sur la rive occidentale du Tigre, face à l’antique Ninive.
Construite en 3 ans et consacrée lors de la fête de l’Annonciation, le 25 mars 1863, l’église syriaque-catholique Mar Touma de Mossoul est typique de l’architecture sacrée syriaque.
Siège d’une intense activité pastorale, elle fut le lieu de vie de la communauté des prêtes du Christ Roi créée en 1962. Ses fondateurs voulaient mener une vie sacerdotale, communautaire, pauvre et active pour la jeunesse. Ils y créèrent la célèbre revue La Pensée Chrétienne, le Centre d’Études bibliques, un musée ainsi qu’une bibliothèque.
Daesh avait visiblement envisagé de faire sauter l’église syriaque-catholique Mar Touma et avait marqué pour cela l’emplacement des explosifs sur les piliers de la nef et du sanctuaire avec des ronds noirs et rouges. Heureusement le temps ou les moyens leur ont semble-t-il manqué pour passer à l’acte. Depuis la fin de l’occupation de Mossoul fin juin 2017, l’église syriaque-catholique Mar Touma a été nettoyée et en partie réhabilitée.
Photo : L’église syriaque-catholique Mar Touma de Mossoul. Juin 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA |
Localisation
L’église syriaque-catholique Mar Touma se situe à 36°20’28.71″N 43° 7’31.04″E et 235 mètres d’altitude, dans le vieux Mossoul autrefois délimité par les remparts ottomans, sur la rive occidentale du Tigre, face à l’antique Ninive, à 400 kilomètres au nord de Bagdad.
Aux origines de l’Église syriaque-catholique
Si la tradition syriaque attribue l’évangélisation de la Mésopotamie à l’apôtre Thomas et à ses disciples Addaï et Mari, « il semble qu’en réalité l’introduction du christianisme remonte seulement au début du IIe siècle et qu’elle ait été l’œuvre de missionnaires judéo-chrétiens venus de Palestine[1] ». Ce christianisme mésopotamien se structura à Séleucie-Ctésiphon, sur les bords du Tigre, à 30 km au sud de Bagdad, où la tradition indique que Saint Thomas s’y arrêta au cours de son voyage vers l’Inde. C’est là, sur une colline du faubourg de Koghé, que fut bâtie la première église patriarcale de l’Église de Mésopotamie et que fut établit son catholicossat. Ce christianisme des origines de langue syriaque constitue encore de nos jours le socle commun des églises locales irakiennes et de leurs communautés qui en perpétuent l’héritage et la transmission.
Ce socle commun fut progressivement fractionné en une pluralité d’églises dès le concile de Nicée au IVe siècle et jusqu’au XXe siècle pour des raisons souvent bien plus géopolitiques que christologiques.
Ainsi, le premier concile œcuménique de Nicée, en 325, convoqué par l’empereur romain Constantin Ier se tint en l’absence des évêques de Perse, à l’exception de Jacques de Nisibe, car « il était impossible aux autres pasteurs, en période de guerre permanente ou presque, d’aller siéger dans une assemblée tenue en pays ennemi, convoquée par l’empereur romain et, qui plus est, présidée par lui.[2] ». Il faut dire que dès la conversion Constantin Ier au christianisme, l’empereur sassanide Shapour II passa de la tolérance à la méfiance vis à vis des Chrétiens de Perse. Cette méfiance se mua en hostilité, les églises furent détruites et le clergé fut persécuté. « Le but de la persécution n’est pas d’anéantir les chrétiens, mais de les amener à apostasier, une fois la hiérarchie décimée.[3] »
Un siècle plus tard, en 431, le Concile d’Éphèse condamna le patriarche de Constantinople Nestorius défenseur des deux natures coexistant en Christ : l’une divine, fils de Dieu, l’autre humaine fils de Marie. Cette doctrine christologique fut jugée hérétique et Nestorius fut déposé. Les rivalités géopolitiques entre l’empire romain et l’empire perse sassanide aidant, le nestorianisme fut adopté dans la seconde moitié du Ve siècle par l’Église de l’Orient et se répandit ainsi en Mésopotamie, en Perse et jusqu’en Inde.
Vingt ans plus tard, en 451, au Concile de Chalcédoine, se déroula une nouvelle controverse christologique. Les Églises syrienne, égyptienne, éthiopienne et arménienne furent accusées de défendre une doctrine monophysite, selon laquelle la nature divine du Christ aurait absorbée sa nature humaine et que le Christ n’aurait en définitive qu’une seule nature, divine. Cette doctrine dénoncée aboutit à un nouveau schisme et les églises concernées, soucieuses de préserver leurs intérêts géopolitiques propres, devinrent autocéphales.
Au VIe siècle, le moine syrien Jacques Baradaï, réorganisa l’église syriaque. Après son ordination épiscopale, il entreprit un grand voyage dans toutes les régions syriaques pour ordonner nombre d’évêques, de prêtres et de diacres. C’est en son honneur qu’on qualifiera l’Église syriaque de « Jacobite ». Cette Église (orthodoxe) connut un schisme au XVIIIe siècle, en 1783, qui donna naissance à l’Église Syriaque-Catholique rattachée à Rome.
_______
[1] In « Vie et mort des chrétiens d’Orient. Des origines à nos jours », Jean-Pierre Valogne, Fayard, Mars 1994, p.737
[2] In « Histoire de l’église de l’Orient », Raymond Le Coz, Le Cerf, Septembre 1995, p. 31.
[3] In « Histoire de l’église de l’Orient », Raymond Le Coz, Le Cerf, Septembre 1995, p. 33.
Fragments d’histoire chrétienne de Mossoul[1]
Mossoul « reste une métropole chrétienne[2] », ce qu’atteste l’ensemble de son histoire et de son patrimoine ancien et contemporain, en dépit d’une actualité catastrophique.
Si le premier évêché y est attesté en 554[3], il faut aussi tenir compte de la tradition apostolique paléochrétienne. « C’est ainsi que trois églises se glorifient d’avoir eu chacune pour fondation une maison où un apôtre aurait séjourné. L’église Sham’ûn al-Safa’ [construite pendant la période atabeg XIIe-XIIIe siècles] serait bâtie sur le lieu habité par Saint Pierre lors d’une visite en Babylonie et l’église de Mâr Théodoros se rattacherait au passage de l’apôtre Barthélémy. Quant à l’apôtre Saint Thomas en route vers l’Inde, la maison où il aurait reçu l’hospitalité devint église[4] ». Cette église est précisément l’édifice syriaque-orthodoxe Mar Touma (objet de cette notice).
La première église attestée à Ninive (aujourd’hui Mossoul-Est) date de l’an 570. On en trouve la trace dans la « Chronique de Séert ». Il s’agit de l’église Mar Isha’ya. De fait cela confirme la préexistence d’une communauté chrétienne. Au VIIe siècle l’église Mar Touma de la communauté syriaque-orthodoxe était également connue. Le monastère Mar Gabriel fut dès le VIIe siècle le siège d’une grande école théologique et liturgique de l’Église de l’Orient. C’est sur l’emplacement de ce couvent que fut édifié au XVIIIe siècle l’église al Tahira des Chaldéens[5].
Au long des siècles, au fur et à mesure des conciles et des conflits s’est constituée à Mossoul une multiplicité d’églises de toutes confessions, y compris arménienne et latine.
Parmi ces fragments d’histoire, citons notamment la conquête musulmane. Mossoul tomba en 641 et ses chrétiens devinrent des dhimmis, soumis aux droits (limités) et devoirs (contraignants) qu’implique leur appartenance confessionnelle. Ce statut perdura jusqu’au XIXe et fut abolit dans l’Empire ottoman en 1855. Malgré cette abolition, la dhimmitude des Chrétiens (et des Juifs) détermine encore aujourd’hui de facto les rapports confessionnels dans la vie publique et dans les mentalités dans presque tous les pays musulmans. Il est encore appliqué de jure (en Iran).
Aux XIIe et XIIIe siècles, en pleine période turque-seldjoukide, les dynastes Atabegs s’imposèrent dans toute la Mésopotamie irakienne et firent de Mossoul un haut lieu de pouvoir. A cette époque les Syriaques-Orthodoxes persécutés à Tikrit s’implantèrent dans la plaine de Ninive ainsi qu’à Mossoul, où ils développèrent leur communauté et fondèrent l’église Mar Ahûdêmmêh (Hûdéni). « A la fin du XXe siècle, à cause de l’inondation des sous-sol du quartier, l’église Mar Hûdéni, située bien en dessous du niveau du sol fut inondée et dut être abandonnée. Une nouvelle fut construite juste au dessus de l’ancienne. On a fort heureusement transporté et mis en évidence dans la nouvelle église la Porte Royale de style atabeg que le père Fiey qualifie de ‘joyau de la sculpture chrétienne du XIIIe siècle’. »[6]
Succédant aux Atabegs, le Mongol Houlagou Khan prit Mossoul mais épargna la cité de la destruction et des massacres qu’il commit à Bagdad en 1258, grâce « au très habile gouverneur de la ville, Lû’lû’, d’origine arménienne[7] ». Le siècle suivant fut néanmoins tragique. « Les persécutions chrétiennes atteignent leur paroxysme sous Tamerlan, dont les armées ravagent le Moyen-Orient dans les premières années du XIVe siècle et y exterminent les populations chrétiennes. Aucune chrétienté orientale n’ayant dû subir une entreprise d’éradication comparable, celle d’Irak peut à bon droit revendiquer la palme du martyre »[8].
En 1516, Mossoul tomba une première fois aux mains des Turcs ottomans, mais c’est au siècle suivant qu’ils établirent durablement et pour 4 siècles leur domination sur la Mésopotamie irakienne après la conquête de Bagdad en 1638 par le sultan Murad IV.
Mossoul au XVIe siècle fut un grand centre de rayonnement chrétien. C’est là que se déroula le schisme de l’Église de l’Orient, avec l’élection de Yohanès Soulaqa en tant que premier patriarche de l’Église chaldéenne. Supérieur du monastère de Rabban Hormizd d’Alqosh, il prit le nom de Jean VIII et se rendit à Rome pour y faire profession de foi catholique. Le 20 avril 1553, le pape Jules III le proclama patriarche de l’Église chaldéenne catholique « dont la naissance est dès lors officielle [9] ». Après Diyarbakır (sud-est de l’actuelle Turquie) et avant Bagdad (en 1950), c’est à Mossoul, en 1830, que fut établit le siège de l’église chaldéenne, avec l’élection au trône patriarcal du métropolite de Mossoul, Jean VIII Hormez.
En 1743, les chrétiens de Mossoul participèrent activement à la défense de la ville pendant le siège de 42 jours que conduisit le Perse Nâdir Shâh qui avait au préalable pillé et ravagé la plaine de Ninive. Victorieux et reconnaissants le pacha de Mossoul Husayn Djalîlî, « obtint un firman de Constantinople en faveur des églises de Mossoul[10] ». En 1744 furent ainsi construites les deux églises al Tahira de Mossoul, l’une pour les Chaldéens, l’autre pour les Syriaques-Catholiques. D’autre part, les églises endommagées par les bombes furent restaurées.
Après le schisme de l’Église syriaque (orthodoxe jacobite) en 1783 et la création de l’Église syriaque-catholique, les Églises syriaque-orthodoxe et syriaque-catholique eurent un conflit sur la propriété et l’usage des églises. Ce conflit fut résolu à Mossoul par la construction de nouvelles églises, al Tahira et Mar Touma en 1862, et par la publication d’un firman (décret) ottoman en 1879 répartissant les biens et propriétés d’églises et monastères entre les deux confessions. Le premier évêque syriaque-catholique du diocèse de Mossoul fut Quorls Bchara Bhnam Akhtal (1760-1828).
Le XVIIe siècle marqua l’ouverture des missions latines en Mésopotamie irakienne. Les Frères Capucins ouvrirent leur première maison à Mossoul en 1636. Les Dominicains de la Province de Rome arrivèrent en 1750, suivis de ceux de la Province de France en 1859. Sous leur impulsion fut construite la grande église latine Notre-Dame de l’Heure, « de style romano-byzantin, entre 1866 et 1873[11] », à qui l’impératrice Eugénie de Montijot, épouse de Napoléon III, offrit en 1880 la célèbre horloge qui fut installée dans le premier clocher-campanile construit sur le sol irakien. Depuis presque trois siècles, les membres de la Mission dominicaine de Mésopotamie, de Kurdistan et d’Arménie sont des acteurs, des experts et des témoins essentiels de l’histoire chrétienne irakienne.
Un point de rupture eût lieu en 1915-1918 lors du génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéens de l’Empire ottoman. Nombre de rescapés s’installèrent en Mésopotamie irakienne et notamment à Mossoul où préexistaient des communautés chrétiennes. Au cours de période, en janvier 1916 en 2 nuits seulement, 15000 déportés arméniens à Mossoul et dans ses environs furent exterminés, attachés 10 par 10, et jetés dans les eaux du Tigre. Déjà, bien avant ce carnage, dès le 10 juin 1915, le consul allemand à Mossoul, Holstein, télégraphia à son ambassadeur des scènes édifiantes: « 614 arméniens (hommes, femmes, enfants) expulsés de Diarbékyr et acheminés sur Mossoul ont tous été abattus en voyage pendant le voyage en radeau (sur le Tigre). Les kelek sont arrivés vides hier. Depuis quelques jours le fleuve charrie des cadavres et des membres humains (…)[12]»
La chute de Saddam Hussein en 2003 et le développement du fondamentalisme islamico-mafieux eurent un impact considérable sur l’effondrement démographique des communautés chrétiennes d’Irak, tout particulièrement à Mossoul. Le 1er août 2004, les attaques simultanées contre 5 églises de Mossoul et de Bagdad constituèrent le point de départ de l’exode des Chrétiens de Mossoul vers les zones protégées de la plaine de Ninive, vers le Kurdistan d’Irak et vers l’étranger. Les années qui suivirent à Mossoul furent terribles. Les assassinats et kidnappings ciblés des Chrétiens accentuèrent l’exode. Le 6 janvier 2008, jour de l’épiphanie, puis le 9 janvier des actions criminelles visèrent plusieurs édifices chrétiens de Mossoul et de Kirkouk.
C’est dans ce climat terrifiant que fut enlevé Monseigneur Paulos Faraj Rahho, archevêque chaldéen de Mossoul. « Le 13 février 2008, alors qu’il accueillait la délégation de Pax Christi, dans l’église de Karemlesse, tout près de Mossoul, le prélat révélait avoir été menacé par un groupe terroriste quelques jours plus tôt : – ‘Ta vie ou cinq-cent-mille dollars, lui dirent les terroristes’. – ‘Ma vie ne vaut pas ce prix !’ leur a-t-il répondu. Un mois plus tard, le 13 mars, Monseigneur Rahho était retrouvé mort aux portes de la ville[13]. »
Entre juin 2014 et juillet 2017, Mossoul tomba aux mains des combattants islamistes de daesh. Les quelques 10 000 chrétiens qui résidaient encore dans la cité, virent leurs maisons frappées du signe Nazrani (Nazaréen, c’est à dire disciples de Jésus). Ainsi stigmatisés, ils furent sommés de se convertir à l’islam, de payer la djizia (l’impôt des dhimmis), de partir ou…périr. Ils fuirent la métropole massivement et en toute hâte et durent abandonner leur patrimoine qui fut en grande partie pillé, vandalisé et profané. A ces destructions ciblées s’ajoutèrent celles de la bataille de Mossoul. Les bombardements de la coalition internationale qui écrasèrent les combattants de daesh sous un déluge de feu, réduisirent également en poussière certains des plus grands édifices chrétiens (et musulmans) de Mossoul.
_______
[1] Chapitre fondé en grande partie sur les travaux de Fr. Jean-Marie Mérigoux, o.p. qui vécut 14 ans en Irak, de 1969 à 1983, dans le cadre de la Mission dominicaine de Mésopotamie, de Kurdistan et d’Arménie, dont le centre était à Mossoul. Voir notamment deux des livres de Fr. Jean-Marie Mérigoux : « Va à Ninive ! Un dialogue avec l’Irak », Éditions du Cerf, Octobre 2000 ; et « Entretien sur l’Orient chrétien », Éditions La Thune, Marseille, Juillet 2015.
[2] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Éditions La Thune, Marseille, 2015, p.88
[3] In « Assyrie Chrétienne », vol.II, Jean-Maurice Fiey. Beyrouth, 1965. P. 115-116. Voir aussi « Mossoul chrétienne » de Jean-Maurice Fiey.
[4] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 89
[5] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 92-93
[6] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 94
[7] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 95
[8] In « Vie et mort des chrétiens d’Orient », Jean-Pierre Valogne, Fayard, Mars 1994, p.740
[9] In « Histoire de l’Église de l’Orient », Raymond Le Coz, Cerf, septembre 1995, p. 328
[10] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 97
[11] In « Entretien sur l’Orient chrétien », Jean-Marie Mérigoux. Editions La Thune, Marseille, 2015, p. 102
[12] In « L’extermination des déportés arméniens ottomans dans les camps de concentration de Syrie-Mésopotamie ». N° spécial de la Revue d’Histoire Arménienne Contemporaine, Tome II, 1998. Raymond H.Kevorkian. p.15
[13] In « Chrétiens d’Orient : ombres et lumières », de Pascal Maguesyan, Éditions Thaddée, septembre 2013, réédité janvier 2014, p. 260
Histoire de l’Église syriaque-catholique Mar Touma de Mossoul
La première pierre de l’église syriaque-catholique Mar Touma de Mossoul fut posée le 1er avril 1860 à l’époque du patriarche Antoine Ier Semherie. Les travaux durèrent 3 ans et furent achevés avant la Noël 1862 qui y fut célébrée. L’église fut officiellement consacrée lors de la fête de l’Annonciation, le 25 mars 1863.
Dans les années 50, l’église syriaque-catholique Mar Touma s’affaissa (effondrement partiel) à cause du cimetière qui se trouvait dans la cour. De grands travaux de maintenance eurent lieu au cours de l’été 1959, sous la conduite du père Mikhael Sayegh. On reconstruisit notamment l’aile gauche et on y ajouta un étage au printemps 1960 afin d’aménager des chambres pour les prêtres, un salon et des annexes.
D’autres travaux de maintenance et d’embellissement eurent lieu en 1984-1987, sous l’autorité du père Nomaan Awrida dans la chapelle de la Vierge, sur le dôme et le clocher. On consolida le plafond, on ajouta de nouveaux arcs, on rénova la façade sur la cour.
En 1995, on construisit un parking, après avoir acquis et détruit les maisons qui occupaient l’espace.
L’école de l’église Mar Touma a été réhabilite pour le musée
On aménagea également un musée qui devint un des monuments les plus importants de Mossoul et un témoignage de l’architecture mossouliote.
Des travaux d’embellissement de la façade de l’église et du musée eurent lieu au printemps 2004.
L’église syriaque-catholique Mar Touma de Mossoul, siège d’une intense activité pastorale
L’église syriaque-catholique Mar Touma de Mossoul fut le siège d’une intense activité pastorale, particulièrement à partir de 1962 et jusqu’à l’arrivée de daesh en 2014.
L’église syriaque-catholique Mar Touma de Mossoul fut le lieu de fondation (le 18 septembre 1962) et de vie de la communauté des prêtes du Christ Roi. 4 prêtres en furent les fondateurs, parmi lesquels Abouna Pios Affas, curé de l’église Mar Touma de 1964 à 2014. Les fondateurs voulaient mener une vie sacerdotale, communautaire, pauvre et active pour la jeunesse. « C’était tout à fait nouveau. L’évêque de Mossoul était d’accord. La maison communautaire fut installée de manière providentielle à l’église Mar Tomas, où il y avait déjà des chambres (…) Cela eût un grand retentissement auprès de la population[1]. »
La communauté des prêtres du Christ Roi créa également en 1964 la revue La Pensée Chrétienne, le Centre d’Études bibliques, un musée ainsi qu’une bibliothèque.
- Créée en 1964 « le premier numéro de La Pensée Chrétienne fut un numéro de 16 pages, tiré à 2550 exemplaires. Pendant 6 ans, jusqu’en 1971, la revue évolua avec plus de pages et de l’information. En 1971, la revue devint beaucoup plus riche avec un éditorial, des chroniques, des informations du monde entier sur la vie des églises [2]». Réputée pour sa ligne éditoriale avant-gardiste dans l’esprit du concile Vatican 2, souvent critique, inspirée du journal français Témoignage Chrétien, la revue La Pensée Chrétienne fut confiée en 1995 aux Dominicains.
- Le Centre d’Études Bibliques commença en 1987 mais fut officiellement créé en 1991. La formation y était dispensée sous forme de cycle de 4 ans, à raison d’un jour par semaine. L’arrivée de daesh en 2014 contraint le Centre d’Études Bibliques a se déplacer à Ankawa. En Juin 2018, 52 étudiants ont reçu le diplôme du Centre.
- Le musée fut inauguré le 13 septembre 1996 connut un développement constant jusqu’à l’arrivée de daesh. Composé de plusieurs pavillons thématiques, c’était le tout premier de son genre à Mossoul à présenter des manuscrits, des objets liturgiques anciens, des documents d’archives, des peintures à l’huile, des tissus brodés, des vêtements liturgiques, des costumes traditionnels, des meubles et ustensiles de maison. Ce musée devint progressivement un véritable conservatoire du patrimoine mossouliote. Parmi les objets présentés, il y avait des verres, des croix, des encensoirs, des cymbales, des vases en cuivre et en verre, des assiettes en argent. On pouvait y voir également une croix richement gravée de 1774 mais aussi le reliquaire doré de Mar Touma. Les documents présentés comprenaient les actes d’associations charitables et des pièces comptables de 1871. La peinture à l’huile la plus importante datait de 1850 et représentait Mar Touma. On pouvait y découvrir également un pavillon créé en 2005 à l’occasion des 30 ans de la revue La Pensée Chrétienne, ainsi que la médaille d’or décernée en 2007 par l’UCIP, l’Union Catholique Internationale de la Presse. Sans oublier un pavillon créé en 2012, à l’occasion des 50 ans du jubilé sacerdotal des fondateurs de la communauté des prêtres du Christ Roi.
- À côté de l’église une ancienne école fut reconvertie en bibliothèque. Elle comprenait notamment « 120 manuscrits anciens qui s’étalent sur 10 siècles[3]» en syriaque et arabe garshouni, mais aussi plus de 400 livres en arabe et syriaque. On y trouvait également une torah en latin et en arabe de 1671 et originaire de Rome. Intégrée au musée du patrimoine mossouliote, cette bibliothèque a été détruite par daesh. La plupart des manuscrits ont été brûlés. D’autres ont été volés. Certains ont été sauvés de la catastrophe par des habitants aussi respectueux que courageux et commencent à être restitués.
_______
[1] Abouna Pios Affas, cofondateur de la communauté des prêtres du Christ Roi, curé de l’église Mar Touma de 1964 à 2014. Extraits d’un entretien à Ankawa le 2 Juin 2018.
[2] Abouna Pios Affas, curé de l’église Mar Touma de 1964 à 2014. Extraits d’un entretien à Ankawa le 2 Juin 2018.
[3] Id.
Description de l’église syriaque-catholique Mar Touma
On pénètre dans l’église Mar Touma par les portes des hommes et des femmes ouvertes sous la galerie côté cour.
Le style de l’église est typique de l’architecture sacrée syriaque. Sa structure basilicale à triple nef et voûte en berceau est portée par 8 piliers libres octogonaux et des piliers encastrés.
La magnifique porte royale en marbre de Mossoul sculptée de bas-reliefs est un véritable chef d’œuvre. Portée par des piliers cylindriques, elle est surmontée d’une corniche à modillons au dessus de laquelle s’élève un tympan formé d’arches sur colonnettes et de rosaces à feuilles d‘acanthe.
Le maître-autel du sanctuaire, détruit par daesh, est surmonté d’un baldaquin en marbre très élégant –« comme la tente du désert de Moïse[1] »- dont les arches sont également ornées de feuilles d’acanthe. Au dessus s’élève une coupole sur trompes à muqarnas. Derrière ce baldaquin, adossée au mur du sanctuaire, subsiste la structure ornementale de l’autel primitif.
Dans le sanctuaire les autels latéraux ont été ravagés par daesh, tout comme les autels funéraires sur le bas-côté droit de l’église.
On trouve à l’intérieur de l’édifice un élément décoratif unique. De part et d’autre de la nef, sur toute la longueur de la corniche au dessus des arches, sont disposés en enfilade de magnifiques tableaux calligraphiques en langue arabe. On peut y lire des versets des évangiles et notamment « Pierre tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église (…) »
Lors de la bataille de Mossoul, une roquette a percé la toiture de l’église et a endommagé la voûte à l’extrémité de la nef. Pendant les 3 ans que dura l’occupation de l’occupation de daesh, les plafonds et les murs des bâtiments annexes de l’église Mar Touma ont été démolis. Des vandales y ont récupéré le fer, les fils électriques et tous autres matériaux utiles !
Un bas relief sous la galerie de la cour représentant Saint Thomas touchant le côté du Christ a été légèrement buriné.
Daesh avait visiblement envisagé de faire sauter l’église syriaque-catholique Mar Touma et avait marqué pour cela l’emplacement des explosifs sur les piliers de la nef et du sanctuaire avec des ronds noirs et rouges. Heureusement le temps ou les moyens leur ont semble-t-il manqué pour passer à l’acte…
Depuis la fin de l’occupation de Mossoul fin juin 2017, l’église syriaque-catholique Mar Touma a été nettoyée et en partie réhabilitée.
Mieux encore, des Mossouliotes commencent à ramener des manuscrits. En voici un témoignage éloquent : « J’ai rencontré un homme. Une bible volée par un gamin. Il l’a gardé pendant 4 ans, il nous l’a rendu. Un autre jeune homme passé devant l’église devant le brasier, on lui a donné. Il a amassé une bonne quantité de dossiers et livres. Il les a gardé. Il les a rendu. Tout le monde n’est pas daesh » [2].
_______
[1] Abouna Pios Affas, cofondateur de la communauté des prêtres du Christ Roi, curé de l’église Mar Touma de 1964 à 2014. Extraits d’un entretien à Ankawa le 2 Juin 2018.
[2] Abouna Pios Affas, cofondateur de la communauté des prêtres du Christ Roi, curé de l’église Mar Touma de 1964 à 2014. Extraits d’un entretien à Ankawa le 2 Juin 2018.
La galerie du monument
les monuments
à proximité
Contribuez à la sauvegarde de la mémoire des monuments.
Photos de famille, vidéos, témoignages, partagez vos documents pour enrichir le site.
Je participe