Le couvent chaldéen Mar Audicho’ de Gunduk
Le couvent Mar Audicho’ de Gunduk se situe à 36°47’56.99″N 43°47’17.46″E et 836 mètres d’altitude.
Le couvent Mar Audicho’ est édifié sur un promontoire au nord-ouest du village de Gunduk, sur un site d’intérêt archéologique. Du haut du couvent, la vue sur la vallée est délectable.
Ultime monument conventuel de cette région isolée et montagneuse, le couvent Mar Audicho’ de Gunduk est une ruine, certes encore debout mais dans un état de dégradation avancé. Les seuls occupants visibles y sont les vaches. Le couvent est en somme devenu une étable.
La restauration de ce couvent revêt un intérêt patrimonial en dépit de la disparition de toute communauté chrétienne locale.
Photo : Couvent de Mar Audicho’ de Gunduk. Façade est. Juillet 2017 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Localisation
Le couvent Mar Audicho’ de Gunduk[1] se situe à 36°47’56.99″N 43°47’17.46″E et 836 mètres d’altitude.
Gunduk se trouve à 110 km à l’est de Dehok-Nouhadra et 100 km au nord d’Erbil. Le village, situé à l’ouest du Grand Zab, à 19 km au nord-ouest de Aqra[2], est adossé au massif montagneux qui borde le massif montagneux du Kurdistan d’Irak.
Le couvent se trouve un peu à l’écart, au nord-ouest du village.
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[1] Le village de Gunduk est également nommé Nerem, Niram ou Nerem Gundik.
[2] Akra est également orthographié Aqra, Aqrah ou Akrê dans certaines sources.
Fragments d’une histoire chrétienne
La tradition attribue l’origine de l’Église de l’Orient aux apôtres et évangélisateurs Thomas, Addaï (certains voient en Addaï l’apôtre Thaddée autrement nommé Jude) et Mari. C’est notamment auprès des communautés juives locales qu’aurait été prêchée la nouvelle religion. Gunduk est d’ailleurs connu pour avoir possédé une synagogue dédiée au prophète Elie et pour avoir abrité jusque dans les années 1930 une communauté juive de 15 familles qui se déplaça à Aqra dans les années 1940[1].
Née de cette tradition apostolique qui s’est répandue en Mésopotamie au cours des trois premiers siècles, c’est surtout à partir du IVe siècle et des nombreux martyrs persécutés par le roi de Perse Shapur II que l’Église assyrienne de l’Orient est véritablement entrée dans l’histoire régionale.
De la très longue histoire chrétienne, retenons que ces montagnes, autrefois très difficiles d’accès, furent tout à la fois le lieu d’épanouissement et de refuge de l’Église de l’Orient.
Les missions catholiques et notamment dominicaines y fleurirent à partir du XVIIIe siècle et arrivèrent à convertir les communautés chrétiennes locales au catholicisme.
Au début du XXe siècle, à la veille de la première guerre mondiale, le village de Gunduk où résidait encore une communauté chrétienne, faisait partie du caza de Aqra dans le vilayet de Mossoul de l’Empire ottoman.
La situation des Chrétiens de ces régions reculées de l’Empire devint catastrophique lors du génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéo-Syriaques de l’Empire ottoman entre 1915-1918.
Le reste du XXe siècle ne fut guère plus heureux pour les Assyro-Chaldéens des montagnes du Kurdistan d’Irak. Entre 1961 et 1991, les différentes guerres qui opposèrent le régime irakien aux peshmergas kurdes eurent un impact très lourd sur les communautés chrétiennes et leur patrimoine dans ces régions souvent bombardées et notamment avec des armes chimiques, dont les populations ont été évacuées et dont les accès ont longtemps été interdits. C’est ainsi que Gunduk vit disparaître sa communauté chrétienne.
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[1] Source : http://diarna.org
Fragments d’une hagiographie
La tradition rapporte que Mar Audicho’ vécut au IVe siècle dans une grotte de la montagne Bet Brach (à proximité de Shaqlawa et d’Erbil). On dit aussi qu’il séjourna à Van (sud-est dans l’actuelle Turquie). Quel que fut son lieu de résidence, il fut emprisonné par le gouverneur de Shaqlawa, le futur Mar Qardakh. Converti lui aussi au christianisme et baptisé par Mar Audicho’, Mar Qardagh fut martyrisé à Erbil pour avoir refusé d’abjurer sa foi et de revenir au paganisme. Grande figure prédicatrice de l’Église de l’Orient, Mar Audicho’ qui ne connut par le martyre, a donné son nom à de nombreuses églises de Mésopotamie. Audicho’ signifie également « serviteur de Dieu » en araméen. C’est pourquoi beaucoup de lieux chrétiens portent ce nom en Mésopotamie.
Épilogue d’une présence chrétienne
En 1913, on trouvait encore à Gunduk une communauté chrétienne de 100 Chaldéens, dotée d’un prêtre et d’une église[1]. Un siècle plus tard, il n’y a plus aucun chrétien dans cette localité rurale[2]. La population de Gunduk est devenue entièrement kurde musulmane. Il reste néanmoins la ruine du couvent de Mar Audicho’, ultime trace du passé chrétien de ce village.
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[1] In L’Église chaldéenne catholique, autrefois et aujourd’hui, Abbé Joseph Tfinkdji, 1913, Extrait de l’Annuaire Pontifical Catholique de 1914, p. 51. Gunduk y est nommé Niram.
[2] Au jour de la visite de l’équipe MESOPOTAMIA à Gunduk, le 16 juillet 2017, il n’y avait pas eu seul chrétien dans le village.
Histoire et description du monastère de Mar Audicho’
Le couvent Mar Audicho’ est édifié sur un promontoire au nord-ouest du village de Gunduk, sur un site d’intérêt archéologique, où des archéologues polonais ont identifié des sculptures du milieu du IIIe millénaire avant J.C[1]. Du haut du couvent, la vue sur la vallée est délectable.
Le couvent Mar Audischo a probablement été « construit sur l’emplacement d’un ancien monastère[2] », mais il est bien difficile d’obtenir des informations plus précises. Il est mentionné dans des manuscrits de 1693 – 1700. Une communauté religieuse tenta de s’y installer dans les années 1950, mais les conditions de vie semblent avoir été trop dures pour prolonger l’expérience.
Ultime monument conventuel de cette région isolée et montagneuse, le couvent Mar Audicho’ de Gunduk est une ruine, certes encore debout mais dans un état de dégradation avancé. Les seuls occupants visibles y sont les vaches. Le couvent est en somme devenu une étable.
Délimité par une enceinte d’environ 20 / 22 mètres, le couvent est un édifice en moellons de pierres naturelles liés au mortier, formé d’un ensemble de pièces conventuelles. L’église est disposée au nord. Son sanctuaire était « jadis orné d’un baldaquin[3] ». On notera aussi l’existence d’un jardin intérieur qui « semble être ajouté plus tard[4]. » Les voûtes de l’édifice sont en berceau plein cintre. Les portes sont également en arc plein cintre. Les fenêtres sont de petites tailles et rectangulaires.
On aperçoit distinctement les travaux de restauration (renforcement, embellissement, transformation) entrepris lors de l’ultime période d’occupation du site sur les façades de l’édifice ainsi qu’à l’intérieur du couvent. Un enduit, dont il reste encore quelques traces, recouvrait les murs intérieurs.
Le niveau du sol monte à mesure que s’accumulent les pierres brisées, les déchets végétaux et organiques. On ne discerne malheureusement aucune inscription, ni gravure sur pierre.
La restauration de ce couvent revêt un intérêt patrimonial en dépit de la disparition de toute communauté chrétienne locale.
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[1] http://archeo.edu.pl/ugzar/The_site_catalogue_2013a.compressed-libre.pdf
[2] In « Le Dieu du silence. Patrimoine des Couvents en Irak », Vincent van Vossel, Geuthner, 2017, p.21 à 23.
[3] In « Le Dieu du silence. Patrimoine des Couvents en Irak », Vincent van Vossel, Geuthner, 2017, p.21 à 23.
[4] In « Le Dieu du silence. Patrimoine des Couvents en Irak », Vincent van Vossel, Geuthner, 2017, p.21 à 23.
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